Ivan Argote
Galerie Emmanuel Perrotin / 18 janvier - 1er mars 2014
Ivan Argote (Colombie, 1983) développe une création plutôt insolite recourant à de nombreux médias : vidéo, photographie, sculpture, mais aussi installation, outre l’appel à la participation du public. Jouer avec le système de l’art ? Il semble, à en croire cette exposition, qu’Ivan Argote se soit amendé de ce péché de jeunesse. On ne s’en plaindra pas. Intitulée Strenghlessness, néologisme connotant l’idée d’impuissance, celleci présente un ensemble très hétéroclite d’entrées plastiques dont le mot-clé pourrait être le pouvoir, power, ou encore, par proximité phonique, pawer, terme désignant nombre d’oeuvres montrées pour l’occasion et dont le sens anglo-saxon est s’agiter sans effet. Un énorme obélisque de béton, à la pointe dorée à la feuille d’or et intitulé Hangover and Extasy, a été tordu comme une nouille chaude afin de pouvoir rentrer dans la galerie : cette forme évoque symboliquement la débandade. Blind Kittens, vidéo d’animation troublante montre trois sculptures de lions saisis par le mouvement et jouant à la baballe, à l’instar de gentils chatons avec une pelote de laine. Simple allusion légère à la perte de puissance, ou à une forme de dégénérescence ? Ces trois lions aveugles, donnant l’impression d’agir sans conscience, comme au bowling, arborent toutefois les traits allégoriques des lions symbolisant la Chine, les États-Unis d’Amérique et l’Europe. Regardée à l’aune de la géopolitique, la balle devenant le globe terrestre, l’oeuvre évoque alors tout autre chose : les rivalités économiques du monde contemporain, livré au jeu des hyperpuissances et à leurs ambitions.
Ivan Argote (Colombia, 1983) uses video, photography, sculpture and installation, plus the odd spot of public participation, to make his rather surprising works. In 2010 he and Pauline Bastard created two video rooms in the museum, one like a giant home cinema, the other in sauna style, including a heatmaker. In Los Angeles last year they organized a competition, Born to Curate, in which four teams of curators were given two minutes to come up with an exhibition idea on the basis of a theme picked from a hat. Winners were chosen on the strength of their applause meter ratings. Judging by this show, neologistically titled Strengthlessness, Argote may have put the youthful peccadillo of mocking the art system behind him. That’s a good thing. The key words for this very mixed selection of works could be power, or even “pawer,” which merges the idea of power with that of pawing something, like a lion or a clumsy fondler. A big concrete obelisk, its tip covered in gold leaf, titled Hangover and Extasy, is twisted like a noodle so it could be fitted into the gallery. Its form suggests collapse, de-rection. Blind Kittens, a disquieting cgi film, brings to life three lion sculptures that paw at a ball like harmless kittens with wool. Are we talking loss of power, or degeneration? For while these three lions have the casualness of a bowling party, their features recall the animals symbolizing China, the United States and Europe. With that in mind, the ball play becomes a power play, as ruthless economic rivalry between superpowers paws our world this way and that.
Translation, C. Penwarden