Art Press

Laëtitia Badaut Haussmann

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Galerie Allen / 16 mai - 14 juin 2014

La nouvelle exposition de Laëtitia Badaut Haussmann est dense et tendue. Pourtant elle ne traite que d'absences– ce qui est souvent le cas de ses oeuvres. Il s’agit d’un portrait en négatif d'une grand-mère disparue, matérialis­é avec des objets lui ayant – peut-être – appartenu, adroitemen­t transformé­s, presque transfigur­és. Une tortue semble flotter sur le sol, ancienne décoration exotique puisée dans un appartemen­t des années 1970. Elle est face à un miroir fumé qui rappelle la même époque, mais a surgi d'autres profondeur­s, comme une sorte de généalogie. Laëtitia Badaut Haussmann en a doré la carapace à la feuille, se souvenant du roman de Huysmans. À travers ce miroir, ce sont des mondes que l'on imagine. On pourrait y lire toute l'exposition comme dans un tableau, porte ouverte vers un voyage dans le temps, et vers une mémoire à la fois personnell­e et universell­e. Une série de photograph­ies en noir et blanc s’y dessine dans un reflet : sur le mur d'en face sont accrochés des photograph­ies d’intérieurs modernes comme on en voit dans les magazines. Ces pages de publicité proviennen­t d’une collection de Maison française, datant de 1971 à 1989 ; elles ont été agrandies et vidées de leur aspect commercial, pour être mieux transformé­es en supports de nos projection­s, de nos narrations. Deux génération­s sont mises à plat en noir et blanc. Plusieurs rectangles de résine aux cou- leurs pastel, dont les surfaces sont ornées de motifs, se mêlent aux photograph­ies, réalisés eux aussi à partir de la collection de l’aïeule ; ce sont des moulages de plaques servant à imprimer des tissus. Une grande sensualité inonde alors ces images froides de la couleur des rêves.

Anaël Pigeat The new exhibition by Laëtitia Badaut Haussmann is dense and taut, and yet its subject, as so often in her work, is absence. Here we have the portrait-innegative of a deceased grandmothe­r, who is materializ­ed by objects that may or may not have belonged to her, and that here are transforme­d, almost transfigur­ed. A tortoise seems to be floating over the floor. It is an old piece of exotic decoration taken from a 1970s apartment. It faces a smoked glass mirror of the same vintage, but which comes out of other depths, like a kind of genealogy. Badaut Haussmann has applied gold leaf to its shell, recalling Huysmans. In this mirror, we imagine other worlds. In it, we could read the whole exhibition, as if in a picture, a door open to time travel, and towards a memory that is at once personal and universal. A series of black-andwhite photos is sketched in one reflection: photograph­s of modern interiors—ads from Maison Française magazine dating from between 1971 and 1989—hung on the facing wall. The photos are enlarged, taken out of their commercial context, the better to encourage our projection­s and storytelli­ng urge. Two generation­s are put before us in black and white. Several resin rectangles in pastel colors, their surfaces decorated with motifs, blend in with the photos. Like the Maison Française magazines, they were collected by the grandmothe­r. They are casts of boards used to print fabric. An intense sensuality floods these cold images with the colors of dream.

Translatio­n, C. Penwarden

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gauche / left: Ed Atkins. « Ribbons ». 2014. Vidéo. (Vue de l’exposition au Palais de Tokyo) Ci-contre / opposite: Laëtitia Badaut Haussmann. Vue de l’exposition / Exhibition view

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