Yves Chevrefils Desbiolles
Les Revues d’art à Paris 1905-1940
Presses universitaires de Provence
Plus de vingt ans après sa première édition, l’étude d’Yves Chevrefils Desbiolles paraît de nouveau, dans une version augmentée et mise à jour. Pionnière en 1993, elle demeure aujourd’hui encore une référence, même si, dans l’intervalle, de nombreux chercheurs se sont aventurés dans le vaste champ de l’histoire des revues. L’ouvrage vaut toujours par la vision d’ensemble du phénomène qu’il propose et sa cartographie, ainsi que par les fiches signalétiques qui répertorient et détaillent des dizaines de publications. Il faut dire aussi que la période considérée est, en la matière, particulièrement féconde, la prolifération des revues d’art n’étant qu’une facette d’un phénomène éditorial beaucoup plus vaste qui a vu l’essor, inédit jusqu’à lors, des périodiques. En ce type de publications se croisent de nombreuses données : développements techniques évidemment, mais aussi intérêt des artistes pour la typographie et nature des débats contemporains pour lesquels elles offrent une vitrine autant qu’une caisse de résonance. Les revues d’art sont alors, comme le précise l’auteur, le fait de critiques, d’historiens et d’artistes, lesquels tentent par là de reprendre la main sur le discours accompagnant leurs oeuvres. La régularité de la parution, la relative légèreté de la mise en oeuvre et la rapidité de réaction qu’elle permet font ainsi des revues les vecteurs privilégiés des idées des avant-gardes et de leurs détracteurs. Leur vitalité est à la mesure de la virulence des escarmouches entre les camps, comme le montre entre autres l’histoire du surréalisme et de l’art abstrait qui s’est largement faite dans les colonnes de périodiques conçus comme des instruments de diffusion autant que comme des machines de guerre.