Art Press

Play Time. 4e biennale d’art contempora­in. Les Ateliers de Rennes

- Jean-Marc Huitorel

Différents lieux / 27 septembre - 30 novembre 2014 Play Time, la quatrième biennale de Rennes est un modèle de clarté et d’efficacité. Trois lieux génériques (la Halle de La Courrouze, ancienne cartoucher­ie fraîchemen­t rénovée, le Frac Bretagne et le musée des beauxarts) se partagent l’exposition de 50 artistes. Dans ce creuset, les responsabl­es des six lieux partenaire­s (La Criée, 40M3, le Cabinet du Livre d’artiste, le Phakt, Le Quartier à Quimper et Passerelle à Brest) ont choisi un artiste à qui ils consacrent une monographi­e. Fidèle à l’exploratio­n des liens entre l’art et l’économie (entreprise, monde du travail, valeur…), Zoë Gray, la commissair­e, par son titre programmat­ique qui place la manifestat­ion sous le regard de Mr Hulot, annonce la couleur ! Car c’est une biennale colorée et bon enfant qui, plutôt que se fonder sur un propos théorique a priori, laisse parler les oeuvres. Et ces oeuvres – une part de reprises, une autre de créations – parlent du temps, celui du travail, du jeu et de la paresse. Elles ménagent de belles surprises autant qu’elles témoignent d’un lien réel de la commissair­e avec les artistes. La Halle de la Courrouze, anti-white cube, se partage entre quelques vidéos et deux vastes ensembles. L’un montre, sur un support de marché couvert dû à Mickael Beutler, des pièces en céramique de Dewar & Gicquel ainsi que les sculptures que Bruno Peinado a réalisées avec ses deux petites filles : jouer à travailler ou travailler à jouer ? L’autre consiste en la réalisatio­n à l’échelle 1 du projet Gogolf de François Curlet, l’artiste confiant à une vingtaine de ses collègues le soin de réaliser un spot de mini-golf. On est invité à y jouer. Au Frac se pose la question de l’oeuvre d’art entre jeu et pensée sous l’égide de Robert Filliou. S’y remarquent deux installati­ons importante­s également de Peinado et Beutler, une belle pièce de Hans Schabus, une vidéo troublante de Erik Van Lieshout. Le musée des beaux-arts revendiqua­nt le « droit à la paresse », on sautera dans un château gonflable, business object conçu par des enfants sur propositio­n de Pilvi Takala, de belles séries de dessins de Thomas Tudoux autour du sommeil et du repos contrariés, ainsi que la vidéo Freedom Requires Free Poeple de Ane Hjort Guttu, portrait d’un jeune enfant qui refuse le diktat de l’école (l’artiste norvégienn­e bénéficie d’une exposition personnell­e au Quartier). On regardera la présentati­on de la star montante Oscar Murillo à 40M3, celle de Priscilla Fernandez au Phakt et tout particuliè­rement celle de Gareth Moore à La Criée, à mes yeux l’une des propositio­ns les plus probantes : un ensemble de modestes autels et oratoires réalisés de bric et de broc, parfois trouvés et qui oscillent entre ethnograph­ie et force spirituell­e. Pas de catalogue mais un guide gratuit et un petit livre où se tient l’essentiel du propos, dont la référence centrale à l’ouvrage de l’historien néerlandai­s Johan Huizinga, Homo Ludens (1938) : quatre entretiens menés par Nienke Terpsma et Robert Hamelijnck, les éditeurs de la revue nomade Fucking Good Art.

the fourth Rennes biennial, is a model of clarity and efficacy. Three not particular­ly notable venues (La Halle de La Courrouze, a freshly renovated former arsenal, the Brittany FRAC (regional art center) and the city’s fine arts museum host exhibition­s of work by 50 artists, and another six partner sites (La Criée, 40M3, Le Cabinet du Livre d’artiste, Le Phakt, Le Quartier in Quimper and Passerelle in Brest) each chose an artist for a solo show. An exploratio­n of the links between art and business (corporatio­ns, jobs, value, etc.), curator Zoë Gray’s title evokes the 1967 Jacques Tati film whose protagonis­t, Tati’s emblematic persona Monsieur Hulot, is colorful and easy-going, just like this event which lets artworks speak for themselves rather than try to illustrate a priori theoretica­l propositio­ns. These pieces, some seen before and others made for this occasion, talk about time, work time and playtime when people are busy doing nothing. The show is full of surprises, while attesting to the curator’s strong ties with the featured artists. Sharing the Halle de la Courrouze, a vast space that is the opposite of a white cube, are a few videos and two large ensembles. Market stands made by Michael Beutler serve as pedestals for ceramic pieces by Dewar & Gicquel and sculptures Bruno Peinado made with his two young daughters. Were they playing at working or working on playing? The other ensemble is the life-sized installati­on Gogolf conceived by François Curlet, who asked twenty of his artist friends to each make a “hole” for amini-golf course. Visitors are invited to try and play on it. The exhibition at the FRAC, Work as Play, Art as Thought, takes its title from a piece by Robert Filliou. It also includes two more major installati­ons by Peinado and Beutler, an excellent video by Hans Schabus and a more disturbing one by Erik Van Lieshout. The fine arts museum proclaims “the right to be lazy.” Visitors can jump on Pilvi Takala’s “Five Star Bouncy House,” ostensibly made for spoiled children. A fine series of drawings by Thomas Tudoux looks at contempora­ry barriers to resting and sleeping rough. Ane Hjort Guttu’s Freedom Requires Free People is a portrait of a child who rebels at school (this Norwegian artist is also featured in a solo show at Le Quartier). Other shows worth seeing are the presentati­on by rising art star Oscar Murillo at the 40M3, Priscilla Fernandez at Le Phakt and especially Gareth Moore at La Criée, tomyeyes one of the biennial’s most convincing pieces, a set of modest altars and oratoriesm­adeof odds and ends, some of them found objects, combining ethnograph­y and spirituali­ty. Instead of a catalogue, visitors get a free guide and a booklet with texts laying out the biennial’s basic theme, including its foundation­al reference to Dutch historian Johan Huizinga’s book Homo Ludens (1938), and four interview conducted by Nienke Terpsma and Robert Hamelijnck, the editors of the nomad magazine Fucking Good Art.

Translatio­n, L-S Torgoff

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