Art Press

Nina Childress

- Véronique Pittolo

Galerie Bernard Jordan / 31 août - 15 octobre 2014 Être nu dans la vie ou Nu en peinture, ce n’est pas la même chose. Cependant, il ne suffit pas d’une majuscule pour faire entrer le corps dans la convention du genre. Tout le monde peut être nu l’air de rien, dans un camp de nudistes, un petit film des années 1950, une peinture de Nina Childress, joyeusemen­t, en conversant avec des amis, au soleil, devant une orangeade. Ensoleillé­e, éphémère, telle est cette peinture qui ne se prend pas au sérieux, qui a relégué le métier et ses attributs (châssis, toile, marché de l’art, éternité des musées), comme le corps se débarrasse d’un vêtement trop seyant. Crying, grande surface peinte sur papier, collée au mur de la galerie, sera détruite après l’exposition, comme signe tangible de cette absence de sérieux, de ce désir de ne pas faire oeuvre. Si j’aime les Vénus allongées de Titien et de Giorgione, si l’Olympia de Manet m’interpelle dans un face-à-face troublant, je peux apprécier d’autant plus ces silhouette­s veloutées qui n’ont rien à prouver, sinon le charme d’être vivantes hors des codes esthétique­s de l’histoire de l’art. L’artiste réussit le défi de s’attaquer à un genre puissant : le schéma codifié peintre/modèle. Hors de la posture du nu académique, la pluralité des corps de Childress nous incite à apprécier la peinture comme un médium jouissif, une manière d’être. As we all know, it takes more than being naked to be a nude. But the nude as a genre in painting depends on more than just what you call it. Nina Childress’s people are not nudes; they’re just naked, drinking an orangeade and happily chatting with friends in the sun, in a 1950s low budget movie. Sunny, fleeting, this is painting that does not take itself seriously, that has discarded the practice of art and its attributes (canvas, stretcher, art market, the eternity of museums), just as a body might discard an overly-becoming garment. Crying, a large painting on paper glued to the gallery wall, is to be destroyed after the exhibition, as tangible symbol of this absence of seriousnes­s, this desire to be anything but art, just the opposite of the art world spirit. Though I love Titian and Giorgione’s reclining Venuses and find myself troubled as Manet’s Olympia and I catch each other’s eye, I can all the more appreciate these smooth silhouette­s that have nothing to prove, except the charm of being alive and free of art history’s aesthetic codes. Childress successful­ly interrogat­es a powerful genre where even the modernist Picasso, asserting his male right, upheld the codified painter/model relationsh­ip. Instead of academic nudes, Childress’s plurality of bodies encourages us to appreciate painting as a joyful medium, a way of being.

Translatio­n, L-S Torgoff

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