Stanislaw Ignacy Witkiewicz
Galerie de France / 7 novembre - 13 décembre 2014 Tour à tour ou en même temps peintre et dessinateur spécialisé dans les « monstres » et le portrait, romancier et dramaturge, philosophe théoricien de la « forme pure » et du « monadisme biologique », le très prolixe et singulier Polonais Stanislaw Ignacy Witkiewicz, dit Witkacy, a aussi laissé des photographies. Beaucoup disparurent dans l’incendie de son appartement après son suicide en 1939. Celles qui subsistent désignent une pratique précoce, régulière et diversifiée, dont le caractère exceptionnel réside dans des séries de portraits et d’autoportraits. La Galerie de France en montre de somptueux extraits : tirages d’époques sur des papiers aux tonalités variées qui en soulignent la rareté. En 1912-1913, les visages sont photographiés en gros plan à l’aide d’un appareil augmenté d’un tuyau qui vient se coller juste devant le modèle, découpe front, oreilles et menton pour plonger dans le regard et lire sur les lèvres. Puissants, ces visages affirment autant une subjectivité qu’une présence. Outil d’investigation psychologique et d’introspection, la photographie sonde également le mystère de l’existence. Inquiet, Witkacy traite aussi ce mystère par l’absurde et multiplie, notamment au début des années 1930, les saynètes grotesques souvent improvisées. Il grimace et se travestit, prend la pose. Ici, il est le « professeur Pulverstone », là, il semble parodier Maïakovski dans le film l a Demoiselle et le Voyou. Ces images sont un jalon important de l’histoire de la photographie performée. Plus précisément, elles annoncent les mises en scène pleines de dérision d’un Christian Boltanski.
the Thug.