Dictionnaire amoureux de l’art moderne et contemporain
Plon S’il n’est pas douteux que l’offre contemporaine – pléthorique – véhicule de nombreux discours dérisoires, le Nahon nouveau s’y mesure sans frilosité. Cheminer par mots et par vaux, de l’art du début du 20 siècle aux émergences les plus récentes, n’est pas sans panache, pour peu que l’on ambitionne d’y rallier intellectuels et footballeurs, sous-préfets aux champs et contemporains capitaux. Pierre Nahon est l’ami de quarante ans du monde artistique. L’on n’ose imaginer qu’il prononce le nom de Basquiat sous les ors d’une République qui mésestime la Princesse de Clèves ou badine avec un prix Nobel de littérature, sans en avoir lu une seule ligne. Ce dictionnaire serait-il dès lors un antitraité de démangeaison culturelle ? Il ne jalonne ni n’étançonne l’art d’aujourd’hui. Il agite les entrées comme autant de muletas. Il propose. Et même il indispose, car ne pas s’introduire dans l’arène avec des mines de gladiateur empêche certains de tendre le pouce vers le bas. Il élucide parfois. Il ne prophétise jamais. Il sait les manigances variqueuses de la phynance, mais relate la moindre palpitation assurant à l’art de demeurer cosa mentale et à son héraut de continuer à ne pas vivre sans illusions, quoi qu’il en coûte. Ce dictionnaire donne chair à l’orgie de mouvements, de tendances, de souffles et, par-delà, à ces expressions intrinsèques échappant à tout mouvement. Ici, le sens et l’économie de la formule frappent juste, le lyrisme amoureux de la collection pouvant exister sans tenir en laisse la nécessaire rigueur critique. On appréciera une liberté de réflexion, une ubiquité jugulée, hors d’atteinte de toute tentation dogmatique. Pouvoir dire enfin ce qu’est l’art ? « Cette idée s’autodétruit à l’instant même où elle se forme. »