Éric Corne
Galerie Patricia Dorfman / 14 mars - 18 avril 2015 Éric Corne présente un ensemble de peintures et de dessins inédits. Being Beauteous est le titre d’un poème d’Arthur Rimbaud, une des figures tutélaires de l’exposition. Le poème, publié dans les Illuminations en 1886, crée un écho entre l’amour, la mort et la beauté. Chez Éric Corne, l’être de beauté est la peinture, un être insatiable nourri d’une longue histoire, de relations humaines tumultueuses, de nature, de lumières et de symboles. Avec un style expressionniste faussement naïf, l’artiste questionne inlassablement la peinture : histoire, sujet, matérialité. Il s’est construit un répertoire visuel significatif : sources lumineuses, squelettes, arbres, croix, échelles, mais aussi sa chienne Anthéa, son matériel quotidien et ses livres. Les références à l’histoire de l’art sont nombreuses : Monet avec les reflets lumineux sur la mer, Bacon avec l’image d’un pape tourmenté, la matière épaisse et généreuse de Soutine, le spectre de Van Gogh ou encore le trait de Max Beckmann. Corne travaille l’espace de l’image en multipliant les plans et les points de vue. Les toiles fourmillent de scènes incrustées en arrière-plan, dans les paysages, sur des bateaux à la dérive, sur des ponts, aux fenêtres et aux portes de massives maisons, sur les pages des livres posés sur la table de l’atelier. Les tubes de peinture s’amoncellent au premier plan. Le peintre, métamorphosé en boxer portant des chaussures de clown, se tient sur une palette, devant son chevalet : il mène un corps-à-corps avec la peinture. Pinceaux à la main, il nous guide dans un univers où, comme dans les vitraux des cathédrales ou les oeuvres de Bosch, les détails abondent. Les dichotomies se tutoient : la vie et la mort, la beauté et l’horreur, l’homme et l’animal, le tragique et le burlesque. L’exposition peut être envisagée comme un autoportrait, celui d’un peintre en quête de beauté et de liberté qui, paradoxalement, est sans cesse en proie aux doutes et à la mélancolie. Son visage semble se dérober, pris entre ses mains, surgissant dans l’obscurité ou bien sur les pages d’un livre. Il est torse nu, vêtu d’un short de boxe et de souliers clownesques. Des souliers trop grands qui accentuent ses difficultés à tenir en équilibre devant la toile. L’image de l’artiste instable et inadapté rappelle la seconde figure tutélaire de l’exposition, Vincent Van Gogh, dont l’ombre plane sur chacune des oeuvres. Alors, la poésie (Rimbaud) embrasse la peinture. Éric Corne le confie, il a franchi « une nouvelle étape » dans son travail. Si les doutes et les tiraillements persistent, il a retrouvé une jouissance de la peinture. Accompagné de sa muse et de ses maîtres, il exprime ses amours, ses envies, ses défis. Avec ténacité, le peintre-boxeur poursuit le combat d’une vie. Being Beauteous is the title of a poem by Arthur Rimbaud, one of the tutelary figures of this exhibition of new paintings and drawings by Éric Corne. Published in Illuminations (1886), the poem sets up an echo between love, death and beauty. With Corne, painting is the beauteous being, an insatiable being nourished by a long history, tumultuous human relations, passions, nature, light and symbols. With a falsely naïve, overtly expressionist style, the artist tirelessly probes painting— its history, its authors, subjects, materiality and tools. Over the years he has constituted a significant visual repertoire: light sources (candles, sun, moon, light bulb, garlands, hearths), skeletons, trees, crosses, and ladders, but also elements of a more personal nature such as his muse, his dog Anthéa, his everyday equipment and his books. There are numerous references to art history: Monet with the light reflecting off the sea, Bacon and the tormented pope, the thick, generous paint of Soutine, the specter of Van Gogh, and Beckman’s brushwork. Corne multiplies levels and perspectives in his images and the canvases teem with scenes set into the background, in the landscapes, on drifting boats, on bridges, at the doors and windows of imposing houses, on the pages of books laid on the studio table. Tubes of paint pile up in the foreground. The painter, metamorphosed into a boxer wearing clown’s shoes, stands on a palette in front of his easel, going mano a mano with painting. Brush in hand, he guides us in a universe where, as in the stained glass windows of cathedrals or the works of Bosch, details abound. Dichotomies are hand in glove: life and death, beauty and horror, man and animal, tragedy and farce. The exhibition can be seen as the self-portrait of a painter in his quest for beauty and freedom, paradoxically and constantly prone to doubt and melancholy. His face seems to elude us, hidden between his hands, emerging from the darkness or on the pages of a book. He is bare-chested, wearing boxing shorts and clown shoes, oversized shoes that underline his struggle to keep his balance in front of the canvas. The image of the unstable, misfit artist recalls the second tutelary figure of this exhibition, Vincent Van Gogh, whose shadow falls over every work here, where poetry (Rimbaud) embraces painting. Corne says he has embarked upon “a new phaseé in his work. While doubts and conflicts remain, he has found a new pleasure in painting. Accompanied by his muse and his masters, he is expressing his loves, his desires and his challenges. The painterboxer is tenaciously bashing ahead with the fight of his life.
Translation, C. Penwarden