La Bande du Bauhaus
Fayard Assez loin d’exposer les théories principales de l’école (1919-33), la Bande du Bauhaus révèle, sous la forme d’« essais biographiques », le quotidien de six de ses maîtres : Walter Gropius, Paul Klee, Wassily Kandinsky, Joseph et Anni Albers, et Ludwig Mies van der Rohe. L’auteur, Nicholas Fox Weber, dirige la fondation Joseph et Anni Albers, qui regroupe toutes les archives du seul couple du Bauhaus, couple qu’il a bien connu. Le choix de ces six artistes est un parti pris affectif, mais aussi motivé par les liens qui ont uni ces professeurs. Leur correspondance, principale source de l’auteur, permet de mieux comprendre comment, d’une émulation continuelle entre ces artistes aux productions pourtant si différentes, sont nées les grandes idées du Bauhaus. L’auteur dresse le portrait « en tant qu’êtres humains » de ces grands noms de la modernité. On perçoit un peu de la vie à Weimar et à Dessau. « Comme si on était présent » : tel est le sentiment qu’avait Fox Weber quand il écoutait Anni Albers parler de ces années, et qu’il transmet dans son livre de manière fidèle et documentée. On découvre ainsi le trajet préféré de Klee dans le jardin anglais de Weimar, la joie de Kandinsky à l’achat d’une nouvelle paire de chaussure... Tous établissaient des parallèles entre les éléments essentiels de leur vie et les aspects fondamentaux de la création. Tout importait, de l’élaboration du menu du déjeuner, aussi précis que la composition d’un tableau de Klee, au nombre de centimètres de chemise dépassant de la manche d’Anni Albers. Aborder ces artistes à partir de leur personne, et non de leurs oeuvres ou théories, peut sembler anecdotique. La démarche éclaire pourtant leur art et l’esprit de cette école qui entendait unir l’art et la vie.