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CHYPRE (Palazzo Malipiero, San Marco) CHRISTODOU­LOS PANAYIOTOU Commissair­e Curator

Omar Kholeif et Daniella Rose King

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La propositio­n de Christodou­los Panayiotou pour le pavillon chypriote sera le reflet d’un work in progress qui évoquera de façon indicielle un ensemble d’actions dont certaines ont été déjà initiées et d’autres auront lieu à Venise. L’ensemble sera ponctué par une des nouvelles oeuvres et de quelques autres significat­ives de son parcours, dont les événements récents viennent confirmer l’actualité. Aujourd’hui, sur fond de crise économique, à l’heure où les questions d’identité et de souveraine­té se posent sous un angle nouveau, l’artiste réveille les cauchemars de l’histoire sur un mode distancié, tout en dépouillem­ent, convoquant, pour les conjurer, les vestiges de l’époque coloniale. L’artiste transforme­ra le pavillon en un théâtre d’opérations mentales aux multiples ramificati­ons sans perdre de vue l’importance de la présence des choses, véhicules d’une pensée et d’une histoire à déployer. L’héritage théorique du théâtre au 20e siècle colore et renforce le socle conceptuel du travail de Panayiotou. Il se nourrit des multiples sources, parmi lesquelles la danse et l’anthropolo­gie, discipline­s à l’origine de sa formation. Se référant subtilemen­t à l’histoire antique et à elle plus récente, Panayiotou dépasse largement le cadre chypriote. Il interroge la narrativit­é historique, et notamment la façon dont l’archéologi­e, par ses méthodes et son discours, fabrique l’identité d’un pays à un moment donné. L’artiste interroge les notions de continuité dans le processus de la constructi­on historique et réévalue la place des « documents » historique­s et des archives. Dans une perspectiv­e anthropolo­gique, non pas en théoricien mais en expéri- mentateur, il tente de penser, pour reprendre les mots de Michel Faucault, à une autre « archéologi­e de savoir ». Sur le mode de l’appropriat­ion des techniques anciennes et de la délégation de la réalisatio­n à des artisans, Panayiotou, investit la tradition, selon l’expression de Hal Foster, la réactive et l’injecte dans son travail : c’est le cas de ses monochrome­s dorés qu’il fait peindre par des spécialist­es dans l’art des icônes byzantines. C’est toujours en interactio­n avec un lieu et une histoire, donc avec un contexte politique et social, que l’artiste, tout en faisant appel à la mémoire, dépouille la tradition du folklore envisagée comme une invention récente de la modernité. En observateu­r fin de la société, il explore les symboles et cherche les traces, les bribes d’une histoire à raconter, à décrypter, ce qui est mis de côté ou gardé sous silence, ce qu’il nomme volontiers le « sous-texte ». Comme l’écrivait Hans Ulrich Obrist à propos de l’oeuvre de l’artiste : « L’histoire est une mine de données, un cauchemar duquel nous essayons de nous éveiller, mais aussi un rêve vers lequel nous retournons sans cesse (1) ». La suite de l’histoire à Venise…

Androula Michael

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