Art Press

NEW YORK Michael E. Smith

- Flora Katz

Sculpture Center / 3 mai - 3 août 2015 L’investisse­ment des sous-sols nouvelleme­nt rénovés du Sculpture Center par l’artiste américain Michael E. Smith semble une évidence, tant son corpus sculptural hybride et souterrain répond à ce lieu. Brillammen­t rythmée entre assemblage­s incestueux et formes autonomes, sa première exposition personnell­e à New York propose une lecture précise de matériaux en relation avec le corps et ses fonctions biologique­s. Comment deux entités de nature différente s’affectent-elles lorsqu’elles sont réunies ? Que devient un objet lorsqu’il se déploie hors de ses limites ? Dans le couloir d’entrée sont présentées deux longues formes longitudin­ales noires. Composées d’armatures en acier recouverte­s de sacs de couchage désuets, elles composent une fiction : une des extrémités est ancrée au sol tandis que l’autre s’élance, comme hantée par une force inconnue. Cette paire répond à une autre placée perpendicu­lairement : deux pieds extraits d’un rocking-chair américain sont posés à même le sol, vidés de leur fonction. La duplicité est à l’oeuvre dans toute l’exposition, portant chaque pièce dans un mouvement d’ambivalenc­e multiple et constant : un large masque en latex de la mascotte de la chaîne de restaurant Big Boy recouvre une tête de labrador noir en taxidermie ; deux broyeurs d’évier sont reliés à l’armature d’un casque. Une vidéo dédoublée sur deux espaces montre un ressort activé par une machine. Son bruit sourd traverse les salles. Dans la fulgurance du mouvement et l’inattendu de l’assemblage, Smith use avec génie des outils du sculpteur : il déséquilib­re ainsi la fixité de l’objet et désoriente, ouvre, insurge. It seems obvious that the work of American sculptor Michael E. Smith belongs in the basement exhibition spaces of the Sculpture Center because his hybrid and subterrane­an practice correspond­s perfectly with the venue. His first solo outing in New York brilliantl­y combines incestuous assemblage­s and autonomous forms to foreground the relationsh­ip between certain materials and the human body and its biological functions. How do two completely different entities affect one another when brought together? What does an object become when it is taken beyond its own limits? Two long black forms are presented in the entrance corridor. Made of steel armatures covered with old sleeping bags, they constitute a fiction: one end is attached to the floor while the other end soars uward as if propelled by some unknown force. This pair is in dialogue with another piece placed perpendicu­larly: two rocking chair feet lie alone on the floor, their function negated. Duplicity is at work throughout this show; each piece is one thing that seems to be another. A large latex mask of the Big Boy restaurant chain mascot covers the head of a stuffed black Labrador. Two sink garbage disposal units are connected to a helmet. A video divided into two spaces shows a machine-operated spring. Smith wields a sculptor’s tools with genius: he upends the fixity of objects and disorients, opens and rebels.

Translatio­n, L-S Torgoff

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