Voyage autour de mon sexe
Grasset Tout un livre consacré à la manustrupation comme disait Casanova, c’est-à-dire à la masturbation, c’est audacieux ! Surtout quand l’ouvrage est ensemble remarquablement écrit et documenté. Et drôle, de surcroît. Thibault de Montaigu fait l’inventaire des différentes formes que peut prendre l’auto-érotisme, lequel sera peut-être « le sexe du futur ». Toujours selon notre auteur, cette sexualité, pourtant tabou, demeure la plus libre, la plus « démocratique » et la moins coûteuse. « Puisque tout le monde se fait l’amour », interroge-til, « pourquoi n’en parle-t-on jamais? » Joignant le geste à la parole, oserait-on dire, il décide d’explorer ce plaisir « vertigineux ». Depuis les pénitentiels chrétiens du Moyen Âge jusqu’aux orgies solitaires de Sade et aux confessions de soeur Emmanuelle, Montaigu voyage en solitaire à travers l’histoire de la branlette dans le même temps qu’il nous fait part de son expérience d’assouvissement d’une pulsion autonome dans la quiétude brûlante d’un compound perdu au beau milieu de l’Arabie Saoudite – si l’on veut bien oublier Freud, cette dernière phrase donne ceci sous la plume de notre écrivain : je me secouais « le gaspard avec l’énergie d’une scie sauteuse électrique ». Outre qu’il nous explique que nous sommes tous des « Raskolnikov de la branlade », il démontre en quoi une sorte de fatwa sociale pèse sur l’onanisme. Voyage autour de mon sexe est un essai réjouissant et intelligent. Montaigu y vante les bonheurs d’imaginations (les trésors), auxquels l’onanisme peut conduire. Mais surtout, il fait du « jouir par soi-même » une liberté fondamentale : « La masturbation est notre seul droit sexuel inaliénable. » Lisez ce petit bréviaire salutaire. Et vous jugerez qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien !