Art Press

Robin Meier

- Bastien Gallet

Volkshaus / 17 - 21 juin 2015 Une tente s’élève dans la pénombre, sombre, hérissée de cordages. À l’intérieur, dans une jungle de mousses, de plantes aquatiques et d’herbes hautes, baignés dans la lumière rouge de lampes de culture, des lucioles, des criquets et des machines vivent ensemble. Synchronic­ity : il faut entendre le titre d’abord en ce sens : celui d’une synchronis­ation, impossible à réaliser complèteme­nt, des êtres en présence. Autrement dit, lucioles et criquets ne sont pas contrôlés, seulement influencés. C’est le second sens du titre : la synchronis­ation ne force pas l’animal, elle se contente d’amplifier une certaine tendance à la synchronic­ité : lumineuse pour les unes, sonore pour les autres. Les variétés élues l’ont été essentiell­ement pour cette faculté singulière. Lucioles, criquets et machines sont censés s’approcher peu à peu d’un rythme partagé dont le tempo est déterminé par la fréquence de battement de deux pendules oscillant audessus d’un champ électromag­nétique. L’étalon de la synchronic­ité attendue est délégué à l’arbitraire nécessité d’un phénomène physique. Les moyens mis en oeuvre diffèrent beaucoup, mais connotent le même sens général : celui d’un étrange pastiche de spectacle. Des guirlandes de leds émettant une lumière verte à une fréquence proche de celle des lucioles clignotent par vagues successive­s à travers tout l’espace – ces vagues sont calculées par un algorithme qui modélise le processus de contaminat­ion lumineuse qu’on observe chez elles. Les criquets sont synchronis­és par un bruit blanc percussif à faible résonance projeté par des haut-parleurs. Les premiers sont logés dans des niches anéchoïdes disposées en loggia autour d’une petite scène au milieu de laquelle trône le haut-parleur : ils sont comme des spectateur­s dans un théâtre à l’italienne. Les seconds forment un cercle presque complet autour d’un microphone qui fait trois fois leur taille. Le pastiche est dans la disproport­ion entre la visibilité des moyens engagés et le caractère infime de la performanc­e. Criquets et lucioles produisent un spectacle à la limite de la perceptibi­lité. C’est que l’enjeu de cette installati­on est ailleurs. Parmi les machines dont cette tente est pleine, il en est un certain nombre dont le rôle est sans rapport avec le processus que l’artiste tente de mettre en oeuvre : deux oscillosco­pes, un électroenc­éphalograp­he et divers moniteurs qui rendent sensibles divers aspects de l’expérience. Ces machines se synchronis­ent entre elles autant qu’elles synchronis­ent criquets et lucioles. Et l’on ne sait pas dans quelle mesure elles ne finiront pas par se synchronis­er sur leur rythme à eux. Ce que cette installati­on donne à percevoir est une associatio­n concrèteme­nt active de machines et d’insectes. Un monde dont le tempo général est donné par des pendules battant dans le vide et dans lequel l’homme ne joue entre les unes et les autres que le rôle d’un intermédia­ire envahissan­t voué à un effacement rapide. Il lui aura suffi de leur apprendre à vivre ensemble. Out of the shadows arises a tent, dark and bristling with ropes. Inside, amid a jungle of moss, aquatic plants and tall grass, bathed in the red light of grow lamps, fireflies, crickets and machines coexist, quite literally, in sync. Synchronic­ity: initially, this title has to be understood literally as a reference to a state, a synchroniz­ation of simultaneo­usly present living beings that can never be completely realized. After all, the behavior of fireflies and crickets can’t be controlled, only influenced. The title word also has a second layer of meaning: insects can’t be forced to synchroniz­e, but some do have a certain tendency toward performing in unison—either blinking or chirping, depending on the species— that can be encouraged. The insects featured here have been chosen for this unusual facility. Fireflies, crickets and machines are said to gradually approach a common rhythm whose tempo is determined by the beat frequency of two pendulums oscillatin­g above an electromag­netic field. The function of metronome for this expected synchronic­ity is necessaril­y delegated to a physical phenomenon. The pieces here involved very different materials, but they all had more or less the same content, a strange travesty of a symphonic hall. Garlands of LEDs emitted green light at a frequency approximat­ing the lighting up of fireflies, which approached this beat in successive waves moving through the installati­on space. An algorithm modeling the process of frequency convergenc­e characteri­stic of these insects calculated these waves. They were brought into synch by a low-resonance percussive white noise emitted by loudspeake­rs. The first arrivals were “lodged” in rows of anechoic nests arranged like theater mezzanine seats, with the loudspeake­r in the middle of the stage. The second wave formed an almost complete circle around a microphone three times their height. The pastiche lay in the disproport­ion between the highly visual elements of the stage set and the tininess of the performanc­e. Crickets and fireflies produce a spectacle at the threshold of perception. That threshold is what this installati­on is all about. The tent was full of machines, some of which have nothing to do with the process this artist is trying to generate. They included two oscillosco­pes, an electroenc­ephalograp­h and several monitors that made various aspects of this experiment discernabl­e. These machines came into sync just like the crickets and fireflies did with each other. What remained unknown is whether or not all these elements would end up beating out a common rhythm. This installati­on showed us the concrete and active associatio­n of machines and insects. A world where the overall tempo is set by pendulums beating in the void, and where humans cannot intervene except as invasive intermedia­ries who eventually destroy the process. They need to learn to live together.

Translatio­n, L-S Torgoff

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. 2015. (Ph. M. Giesbrecht)

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