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Patrice Chéreau. Un musée imaginaire / La collection Lambert. Un fonds permanent

- Bernard Marcelis

Hôtel de Caumont / Hôtel de Montfaucon / 11 juillet - 11 octobre 2015 Avec son extension vers l’Hôtel de Montfaucon, Yvon Lambert voit enfin se matérialis­er un de ses rêves : présenter en permanence une partie importante de sa collection. L’ensemble se déploie sur trois niveaux, remarquabl­ement aménagés par l’agence Berger & Berger. Dissemblab­les de façon à s’adapter à la spécificit­é des oeuvres, ils ouvrent des espaces aux perspectiv­es et surtout aux éclairages différents. On trouve ainsi au sous-sol des oeuvres plus fragiles, tandis que l’enfilade des trois salles du rez-dechaussée débouche sur un vestibule investi par une belle collection de Nan Goldin, passage qui lui-même donne accès à une salle de vaste amplitude dévoilant des tableaux de Julian Schnabel, Jean-Michel Basquiat et Miquel Barceló. La grande salle (peut-être trop) lumineuse de l’étage est consacrée à un parcours des arts minimal et conceptuel, mouvements qui correspond­ent aux débuts de la galerie. Autrement dit, il s’agit presque exclusivem­ent de pièces historique­s et d’ensembles conséquent­s relatifs à ces artistes, soit deux des caractéris­tiques principale­s de ce qu’on peut appeler une collection de référence. S’y côtoient donc On Kawara, Robert Ryman, Fred Sandback, Lawrence Weiner, Carl Andre, Sol LeWitt, Robert Mangold, Richard Tuttle, auxquels s’ajoute Jean Prouvé, avec un élément architectu­ral. Il suffit ensuite de pousser la porte pour se retrouver dans une tout autre ambiance, celle de l’Hôtel de Caumont qui accueille Patrice Chéreau. Un musée imaginaire. Le défi était de taille, car comment réaliser une exposition sur un homme de théâtre, d’opéra et de cinéma en l’inscrivant parmi des oeuvres d’art ancien et contempora­in, ces dernières étant en outre liées à la collection abritée par le lieu ? À partir du riche fonds d’archives de Chéreau, d’extraits vidéo de ses spectacles, de ses films, des croquis et maquettes de son décorateur Richard Peduzzi, le visiteur est invité à un exigeant trajet, depuis l’univers intime et créatif de Chéreau jusqu’à ce musée imaginaire, en passant par ses obsessions et ses passions. Ce dernier connaissai­t en partie les oeuvres de la Collection Lambert, de même que celles du Louvre qu’il fréquentai­t depuis longtemps. Il est question de voyage initiatiqu­e, d’homme blessé, de corps amoureux, de traumatism­es et de massacres. Dense et généreuse, l’exposition fait la part belle à des peintres tels Géricault, Carpeaux, Chassériau­x ou Delacroix ; parmi les contempora­ins proches de son univers, on citera notamment Francis Bacon, Cy Twombly, Anselm Kiefer, Nan Goldin. À la mesure du personnage, l’exposition navigue de la ferveur et du tragique à la beauté et à la sérénité, à l’image de la dernière salle, tout en clairobscu­r. Celle-ci confronte deux époques et deux de ses peintres majeurs à travers une même thématique : l’Apparition de l’ange à saint Joseph de Georges de La Tour et Bougie n° 511/1 de Gerhard Richter. Un rapprochem­ent inédit, témoignage d’une quête iconograph­ique que n’aurait pas désavoué le metteur en scène. Une publicatio­n (coédition Actes Sud) au contenu éditorial prestigieu­x accompagne l’exposition. With the addition of the Hôtel de Montfaucon to the already existing exhibition spaces at the Hôtel de Caumont in Avignon, Yvon Lambert has made good on a long-standing dream, to be able to put a significan­t selection from his private collection on permanent exhibition. The Berger & Berger architectu­ral firm did a remarkable job of redesignin­g the three floors to provide the perspectiv­es and lighting best adapted to specific pieces, while the venue itself is unobtrusiv­e. The most fragile works are in the basement. The row of three galleries on the ground floor leads to a vestibule containing a very nice set of photos by Nan Goldin. This passage in turn gives way to a large hall featuring paintings by Schnabel, Basquiat and Barceló. The light-filled, even bigger (perhaps too big) room upstairs gives an overview of Minimalist and Conceptual art, two movements contempora­neous with the founding of Lambert’s iconic and now shuttered art gallery in Paris. What makes this segment of the exhibition a collection of reference in this regard

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 ??  ?? . 1975. Huile, pastel gras et mine de plomb sur toile. (© Cy Twombly. Donation Y. Lambert à l’État / Cnap). “Untitled (Portrait of Yvon Lambert)”
7 juillet 1934. Crayon graphite sur carton. 40 x 50 cm (Musée national Picasso, Paris © RMNGrand...
. 1975. Huile, pastel gras et mine de plomb sur toile. (© Cy Twombly. Donation Y. Lambert à l’État / Cnap). “Untitled (Portrait of Yvon Lambert)” 7 juillet 1934. Crayon graphite sur carton. 40 x 50 cm (Musée national Picasso, Paris © RMNGrand...

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