Ragnar Kjartansson mythologies théâtrales
Ragnar Kjartansson’s Mythologies.
Berlin, chaleur caressante d’un début de juillet. Des spectateurs attendent calmement l’ouverture des portes de la grande salle du Berliner Festspiele pour découvrir la dernière oeuvre de l’artiste islandais Ragnar Kjartansson, The Fall. Chacun prend place, puis, comme avant la représentation d’une pièce, noir et silence finissent par se faire. La lumière monte peu à peu, découvrant une scène nue, en attente d’une action à venir que la chute soudaine d’un matelas venu du ciel interrompra, avant même que quoi que ce soit n’ait réellement pu commencer. Deux tech- niciens sortent des coulisses, alors que des cintres descendent du plafond, et rattachent le matelas à la machinerie. Après avoir été lentement remonté, l’objet chute de nouveau. Tranquillement, les techniciens reviennent sur le plateau, rattachent le matelas et le remontent, avant que celui-ci ne tombe, encore, puis encore, puis encore. Des rires commencent à fuser, des murmures, puis des commentaires à voix haute. Une spectatrice tente de lancer le compte à rebours qui verra une nouvelle fois le matelas s’effondrer. Certains s’agacent dès lors qu’ils compren- nent que cette seule et même action sera répétée durant les huit heures à venir, tandis que d’autres ne bougent pas d’un cil, comme saisis par la puissante simplicité de l’image. Pourtant, après une première heure et le départ des récalcitrants et autres impatients, le calme s’installe. Le silence qui englobe l’espace n’est brisé que par le bruit