L’Art à même la ville
Presses Universitaires de Bordeaux L’art urbain sous ses formes diverses (affichage, signalétique, interventions contextuelles…) est devenu une topique de la création artistique depuis un bon siècle, dans la foulée des parades et autres interventions de rue de Dada et des artistes bolchéviques de l’Urss naissante. Au point d’inspirer à présent des réserves sur sa valeur et son apport esthétique contemporain, entre redites innombrables, récupération et insertion dans le mouvement de l’économie culturelle de masse. C’est son histoire que prend en charge, en s’aidant de maintes références légitimes, cet ouvrage issu d’une thèse soutenue en 2010. Abondamment illustré, doté d’une bibliographie de qualité, agréable à manipuler, l’Art à même la ville offre une approche roborative du phénomène « art et ville » compris dans son acception (relativement) élargie. Marie Escorne y met l’accent surtout sur le dernier demi-siècle, le plus fécond en la matière, en plus de développements trop souvent laissés à la marge de l’étude académique, le street art notamment. Lecture recommandée, donc, même si l’on s’autorisera amicalement quelques réserves. Pour cause d’omissions d’abord, confer tout ce qui touche l’« Art action » développé autour du Lieu et de Richard Martel à Québec, une signature pourtant au registre de l’art urbain. De parti pris, ensuite : on laisse sciemment de côté les arts dits « de la rue », forains certes mais souvent identiques ès qualité aux oeuvres citées ici. Encore, du fait de la bienveillance manifestée envers certains activistes (Royal de Luxe, survendu à l’entertainment, censé revitaliser chez les populations le rapport à la ville)... À compléter, pour les érudits lusophones, par la bible signée Mário Caeiro, Arte na Cidade, parue l’an passé.