FOCUS MUSÉUM
V. Yassef H. Yang S. Raspet V. Despret P. Blandin C. Fleury
recevoir des objets très hétérogènes est presque touchante. Comme s’il était suffisamment tolérant ou généreux pour accepter la différence et la variété. […] J’aime “lire” des choses dans des objets simples et apparemment insignifiants et m’intéresser à leur capacité cachée d’accueillir autre chose », déclarait en 2013 Haegue Yang, Séoulienne vivant à Berlin, à l’occasion de la rétrospective que lui consacrait le Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg. Cette thématique de l’accueil est liée à celle de la réinterprétation puisque, comme on en jugera par les « styles » ici assemblés, Yang se joue de l’histoire des avant-gardes, en réactivant certaines de ses formes phares. Un peu comme si tous les fantômes des modernités s’assemblaient pour faire la paix et se livrer aux visiteurs. Dans un entretien de 2006 pour le BAK d’Utrecht, l’artiste explicitait ce travail sur la communauté : « J’aimerais […] créer dans le public une impression d’immédiateté et d’accessibilité. Ce faisant, j’entends aussi mettre en place un cadre étrange mais “[en] commun”, où puisse prendre corps l’idée quelque peu fragile et vulnérable de “communauté d’absence.” » Un concept emprunté à la Communauté inavouable de Maurice Blanchot, essai sur Marguerite Duras – dont Yang a plusieurs fois mis en scène la Maladie de la mort. A stump of wood nearly two thousand years old, positioned between what look like 50s-style coffee tables, a magazine rack and various objects that could all be used to hold others. “For me, there’s something almost touching about the rack’s capacity to carry very heterogeneous objects. As if it was tolerant or generous enough to accept difference and variety. […] I like to ‘read’ things into simple and apparently insignificant objects and to take an interest in their hidden capacity to host something other,” said Haegue Yang in 2013, on the occasion of the retrospective by this Berlin-based Korean artist at the museum of modern and contemporary art in Strasbourg. This theme of accommodation is linked to that of reinterpretation since, as we can tell from the “styles” brought together here, Yang plays on the history of the avant-gardes by reactivating a number of its landmark forms. Rather as if all the ghosts of modernity were gathering to make peace and give