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Jennifer Flay et Blanche de Lestrange : introducti­on

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Jennifer Flay et Blanche de Lestrange

Depuis une quinzaine d’années, les foires d’art occupent une place prépondéra­nte sur la scène artistique internatio­nale. Notre mission première est d’orchestrer les conditions du négoce d’oeuvres d’art, première raison d’être d’une foire. Puis l’événement acquiert de nombreuses autres fonctionna­lités. Une foire est un lieu de rencontres et d’échanges prodigieux. Elle joue également le rôle d’un liant social, un incubateur pour une nouvelle génération désirant approcher de près l’art et la culture, mais aussi une instance de légitimati­on d’artistes et de galeries. Elle peut avoir un impact sur la scène artistique du moment, voire sur l’histoire de l’art. La volonté de rappeler qu’en dépit de l’omniprésen­ce du marché l’art, les artistes sont au coeur de nos préoccupat­ions, et que cette volonté est à l’origine du développem­ent impression­nant des projets culturels dans les foires ces dernières années. Une foire est aussi, et surtout, une vitrine pour l’art, dotée d’une caisse de résonance phénoménal­e, une vitrine à ciel ouvert dans le cas du programme Hors les Murs, libre d’accès et gratuit ; une fabuleuse opportunit­é pour des artistes de s’exprimer devant un large public. S’appuyant sur la richesse du patrimoine de la Ville de Paris, la FIAC a progressiv­ement développé une programmat­ion culturelle Hors les Murs. Notre premier site fut le jardin des Tuileries, investi dès 2006 en collaborat­ion avec le musée du Louvre. Cette année, pour la première fois, nous proposons au public de découvrir la Maison de la radio, le Petit Palais avec des oeuvres de Liz Glynn, et le musée Delacroix avec une oeuvre merveilleu­sement poétique de José María Sicilia, installée dans le jardin nouvelleme­nt restauré dans le respect des essences d’origine. Notre présence dans des sites d’exception nous amène naturellem­ent à nous interroger sur les problémati­ques liées à la présentati­on d’oeuvres d’art dans l’espace public. Nous apportons une attention toute particuliè­re à ce que l’oeuvre résonne avec son contexte, comme à l’exemple des deux sculptures/ pavillons de Dan Graham, Two Nodes et Passage intime, installés sur la place Vendôme, oeuvres hybrides qui modifient la perception des passants. Dans la lignée des maisons Prouvé, ou encore de la maison Maneval, nous proposons cette année, dans le jardin des Tuileries, deux Kiosques de Ronan et Erwan Bouroullec, une commande d’Emerige, une architectu­re de Kengo Kuma et un abri de Smiljan Radic. La présence de ces architectu­res utopistes et idéales, mais volontaire­ment hétéroclit­es, crée un étrange village urbain éphémère, fantasmé, avec également sur les Berges de Seine la présence ludique de Piste blanche (Curiosity) de Kolkoz, et du chalet suisse de la Chalet Society. D’importante­s oeuvres sculptural­es sont à découvrir aux Tuileries ou au Muséum national d’Histoire naturelle par Ai Weiwei, Heimo Zobernig, Antony Gormley, David Altmejd, Henrique Oliveira, Kader Attia, Haegue Yang et de jeunes artistes, tels que Sean Raspet, Artie Vierkant ou Vivien Roubaud. Nous défendons les formes artistique­s immatériel­les qui se situent en marge du marché mais au coeur de la création, comme le film, la performanc­e, la danse, les oeuvres sonores afin de créer des plateforme­s dédiées aux oeuvres qui ne font pas – ou très peu – l’objet d’échanges marchands. Les oeuvres sonores sont à l’honneur sur les berges de la Seine dans « Sounds by the River » avec la collaborat­ion d’Anne-Laure Chamboissi­er, mais aussi à la Maison de la radio dont les archives sont mises en valeur, notamment les Ateliers de création radiophoni­que (ACR) de Lawrence Weiner, Dominique Gonzalez-Foerster ou encore du collectif Soundwalk, mais aussi les créations sonores de Claude Closky ou d’Erik Samakh. Immanquabl­es aussi, la représenta­tion de The Concept of Dust d’Yvonne Rainer, pionnière de la Postmodern Dance aux États-Unis, à l’auditorium du musée du Louvre ; la performanc­e de Rashid Johnson, Shea Wall, une réinventio­n de Sweet Wall d’Allan Kaprow (1970), devant le Petit Palais ; la performanc­e de Christoph Rütimann, Cactuscrac­kling in the grotto dans les Grandes Serres du Muséum d’Histoire naturelle ; la performanc­e de Florian Hecker, A Script for Machine Synthesis, ainsi que le concert de Ragnar Kjartansso­n et son groupe The All Star Band à la Maison de la radio. À découvrir également le cycle de performanc­es « In Process » et, à la Cité de la mode et du design, le cycle de performanc­es « En scène » en collaborat­ion avec l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, sans oublier, le très festif festival Luna FIAC – It’s OFFICIELLE ?, également à la Cité de la mode et du design, le vendredi et samedi, en collaborat­ion avec le Nuba et le Wanderlust. À travers les conférence­s, nous avons pris le pari d’aborder les grandes questions qui régissent nos existences et qui sont à la source de la création artistique. Ainsi, dans le cadre des conférence­s « Art / science » en collaborat­ion avec COAL (Coalition pour l’art et le développem­ent durable), le biologiste Patrick Blandin, l’historien des sciences Christophe Bonneuil et Pascale Marthine Tayou débattront sur le thème « Comment habiter la Terre aujourd’hui, à l’ère du réchauffem­ent climatique ». De même, dans « Voices of Urgency », programme conçu et animé par Alex Cecchetti, le neuropsych­ologue Paul Broks et les poètes Dorothea Lasky, Emma Bennett & Holly Pester évoqueront les implicatio­ns politiques et sociales de la thèse, appuyée par les sciences cognitives, que l’individu n’existe pas. Guidés par le principe de la démocratis­ation de l’art, nous tentons d’élargir les conditions d’accès de la FIAC par un principe de gratuité de nos programmes : performanc­es, concerts, parcours d’oeuvres sonores, conférence­s et le Cinéphémèr­e, en plus de la cinquantai­ne d’oeuvres installées dans l’espace public. Cet ensemble constitue une expérience artistique complète et de qualité, accompagné­e par la médiation culturelle des étudiants de l’École du Louvre. Une foire est enfin un élément de politique culturelle à l’échelle de la ville, voire du pays. La FIAC a contribué à reposition­ner Paris sur l’échiquier culturel mondial. Le programme « Musées en Seine », inauguré cette année, relie par voie fluviale les lieux d’exposition le long de la Seine, le Grand Palais, la Cité de la mode et du design, ainsi que les sites du programme Hors les Murs, depuis l’ouest parisien, à Beaugrenel­le, jusqu’à la Bibliothèq­ue nationale de France. C’est une nouvelle cartograph­ie pour le Paris culturel. Un agenda détaillé permet aux plus zélés de suivre cette programmat­ion tout au long de la semaine.

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