One More Time. L’exposition de nos expositions
Mamco / 28 octobre 2015 - 25 janvier 2016 Certains noms de lieux sont associés à des noms de personnes. Il en est ainsi du Mamco de Genève, créé par Christian Bernard, qui fête cette année ses vingt ans sous sa direction. Le Mamco fut conçu comme un laboratoire pour l’exposition, consacré à l’exercice de sa pratique, à l’exploration de ses tropes, de ses formats et de ses formes, orientant la fonction de sa collection, la ligne de ses éditions, la nomination de ses espaces et le choix de ses collaborations avec différents artistes au regard de cette exigence. Le travail exploratoire réalisé par ses équipes est exemplaire de cette pensée en actes propre à l’exposition. Il se retourne sur lui-même avec cette dernière proposition : One More Time. L’exposition de nos expositions. Les quelque six cents oeuvres qui la composent, réparties en « séquences » et en monographies sur les quatre plateaux du Mamco, par leur retour ou comme des revenants, dans le jeu des échos et des associations, produisent des actes de rappel. En ce sens, on peut entendre dans One More Time la reprise d’un déjà-vu, si lointain soit-il, mais aussi la possibilité d’un temps en plus, qui ne s’ajouterait pas à d’autres temps mais organiserait leur coexistence – celle des expositions passées et éphémères. Telle est la portée la plus immédiate que l’on puisse accorder à la proposition de Christian Bernard. Elle déploie un espace et un temps flottants où déambule le spectateur, dans le milieu des expositions, ainsi que le suggère l’heureuse formule l’exposition de nos expositions. Ni rétrospective, ni reconstitution et encore moins synthèse, mais variation et recomposition qui favorise le jeu des réminiscences et des remémorations, elle corrobore l’édifice au sein duquel le musée s’est pensé, comme palais de mémoire. En observant la logique de construction du lieu comme son histoire, un autre sous-titre vient encore à l’esprit pour qualifier cette exposition : le Mamco par lui-même. Cette dernière formule ouvre l’hypothèse d’une écriture biographique dont le musée serait l’auteur… Mais encore faut-il lui accorder toute sa portée et tirer les lignes de lecture qu’elle tient en réserve. À l’ensemble des oeuvres et des séquences, qui à travers les quatre niveaux du Mamco retraceraient alors un parcours intellectuel, serait associé un ensemble d’affects, puisque rencontrer des artistes et convoquer leurs travaux, une fois encore, participent du plaisir simple et évident de les réunir. Ces affects ne sont pas tristes, comme peuvent l’être ceux que l’on associe aux départs, mais joyeux comme le sont ces assemblées où la présence de chacun justifie à elle seule la réalité d’une fête : celle de l’exposition comme réunion. Cette hypothèse du rassemblement et de la reliaison pourrait bien être retenue comme le point d’orgue de la célébration du vingtième anniversaire du musée et comme un salut amical de Christian Bernard au Mamco, qu’il quitte en cette fin d’année. Some places names are synonymous with the names of persons. That is the case at Mamco in Geneva, which Christian Bernard created and, up to now, directed. Mamco was conceived as a laboratory for the exhibition form and exploration of the practice, its tropes, formats and forms. The function of its exhibitions, its publishing policy, the names of its spaces and the artists it has chosen to work with have all been deter- mined by this concern. The experimental work done here illustrates the thought in action that is the exhibition process. With this latest proposition, One more time, it turns back on itself with an “exhibition of our exhibitions.” The six hundred or so works featured here are divided up into “sequences” and monographs over the four floors of the Mamco and, in their interplays and like revenants, through the play of echoes and associations, produce effects of recall. The title, One more time, can be read as indicating a déjà-vu, harking back oh so far, but also as indicating the possibility of more time, time that is not added to other times but organizes their coexistence—that of past exhibitions and their ephemerality. That is the most immediate significance we can recognize in Bernard’s exhibition. It deploys a floating space and time where the viewer walks amidst exhibitions, as suggested by the felicitous wording of the title, “the exhibition of our exhibitions.” Not a retrospective, let alone a reconstitution, and even less a synthesis, but a variation and a recomposition conducive to the play of reminiscence and recollection, it corroborates the edifice in which the museum was conceived, as a palace of memory. Observing the logic of construction of the place and of its history, another subtitle comes to mind to describe this exhibition: “the Mamco, in its own images.” The museum as the author of its own biography. But you still have to cash it out and catch the hidden readings. The set of works and sequences retracing an intellectual development over the four floors of the Mamco is thus accompanied by a series of affects, because meeting artists and summoning their works is also part of the simple and obvious pleasure of bringing them together. These affects are not sad, as they can be when related to departure, but joyful like those gatherings when the presence of each individual is enough to justify the festivity: that of the exhibition as gathering. This hypothesis of gathering and reconnection could be taken as the high point of the celebrations for the museum’s twentieth birthday, and like a friendly salutation from Christian Bernard to the Mamco, which he is leaving at the end of the year.
Translation, C. Penwarden