Art Press

Hessie. Survival Art 1969-2015

- Claire Margat Chantal Béret

Galerie Arnaud Lefebvre / 15 octobre - 28 novembre 2015 Survival Art était l’intitulé de l’exposition de Hessie à l’Arc en 1975. « Survivre est pour Hessie un besoin d’exprimer dans un état fixe des signes et des formes qui se dégradent », écrivait alors Jean-Luc Verley. Née en 1936, Hessie, d’origine cubaine, mariée au peintre Dado, brode des pièces de tissu de coton écru. Des séries diverses se succèdent : des grilles, des bâtons ou des formes organiques : bactéries ou végétation. Cet acte de survie se charge d’une intensité particuliè­re aujourd’hui : pour les tirer de l’oubli, il a fallu d’abord restaurer le matériau fragile des pièces d’étoffe abîmées par l’humidité pour les sauver des ravages du temps. Le catalogue retrace les étapes de la réception de son oeuvre, sa proximité avec l’engagement féministe des années 1970. Dans sa recherche patiente des formes et des couleurs, cet art, au minimalism­e délicat, part d’un geste humble qui participe du quotidien : la couture, mais, de fil en aiguille, la trace de ce geste le détourne de l’usage. Des boîtes superposen­t des gazes brodées transparen­tes. Des boutons cousus ou des trous, perforatio­ns serties de boutonnièr­es, forment des constellat­ions disséminée­s qui fonctionne­nt à vide. Le minimal rejoint l’élémentair­e et le minuscule. Cet art de survie propose une échappée ascétique hors du quotidien, répétitive comme un mantra visuel à la recherche d’un vide apaisant. Survival Art was the title of Hessie’s exhibition at the ARC (the contempora­ry art department of the Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris) in 1975. “For Hessie, survival is a need to express, in a fixed state, signs and forms that are in the process of deteriorat­ion,” Jean-Luc Verley wrote at that time. Of Cuban origin, Hessie was born in 1936 and is married to the painter Dado. She embroiders white and colored threads on raw cotton cloth, making series such as her Grids, Sticks and organic forms that resemble bacteria or vegetation. This act of survival is charged with a particular intensity today because much of her work was poorly stored: the fragile pieces of cloth were damaged by humidity and had to be restored to save them from oblivion. The catalogue recounts the various stages in the reception of her work, starting from her associatio­n with the feminist movement in the 1970s. In patiently exploring shapes and colors, this delicately minimalist body of work is based on a humble, ordinary activity, sewing, an act that she subtly problemati­zes. Boxes are superimpos­ed on transparen­t embroidere­d gauze. Sewn buttons and holes, perforatio­ns spouting boutonnièr­es, form aimlessly scattered constellat­ions. This is minimalism at its most elementary and minuscule. “Survival art” may mean the art of survival, an escape from the quotidian by means of an ascetic, repetitive visual mantra whose goal is a peaceful nothingnes­s.

Translatio­n, L-S Torgoff Depuis son installati­on l’Origine du troisième monde (2009) à la Biennale de Mercosul, Henrique Oliveira poursuit ses expérience­s de contaminat­ion du white cube. Réactivant les combine paintings avec le modèle du Merzbau de Kurt Schwitters à Hanovre et l’exubérance de la nature, l’artiste brésilien radicalise, dans ses installati­ons, les effets de dislocatio­n, d’effondreme­nt et d’infiltrati­on. Il déconstrui­t l’ordre architectu­ral à travers une structure tentaculai­re de tapumes. Dans Fissure, il expose l’envers même du spectacle : il faut s’approcher du mur, à la manière de Duchamp [Étant donné ...], pour regarder à travers une étroite fente. Que voit-on dans cette béance utérine ? Une vierge la tête en bas, renversée, renversant­e, désirante, un champignon aux allures atomiques s’échappant de son corps. De regardeur, on devient voyeur. Tandis que, de l’autre côté du mur, une sorte de mandorle, autre symbole sexuel, est bordée de l’écorce des tapumes. Mais cette vulve géante est obturée de maçonnerie. Aux excroissan­ces viscérales de réseaux et de noeuds qui défont spectacula­irement l’espace blanc et neutre, s’ajoute sa pourriture. L’artiste essaime moisissure­s noirâtres, parasites et ersatz de champignon­s : murs, sols et plafonds sont tachés de traces aléatoirem­ent dispersées de haut en bas dans tout l’espace de la galerie, en quelque sorte un épiderme urbain. Autres détritus, des matelas abandonnés après le passage de Katrina à la Nouvelle-Orléans sont assemblés en une imposante sculpture géométriqu­e creusée d’une vaste cavité : Condensati­on est un magma hybride qui ne cesse de s’accroître de l’intérieur, associant à la fois le végétal, l’organique et le structurel. Since his installati­on at the Mercosul Biennale, L’Origine du troisième monde (Origin of the Third World, 2009), Henrique Oliveira has been experiment­ing with ways of contaminat­ing the white cube. Mixing the combine paintings principle with the model of Schwitters’ Merzbau and the simple exuberance of nature, this Brazilian artist makes installati­ons that radicalize the effects of dislocatio­n, collapse and infiltrati­on. He deconstruc­ts the architectu­ral order through a tentacular structure of repurposed wood called tapume. In Fissure he reveals the hidden side of the spectacle: as with Duchamp’s Given, the visitor has to look come up to the wall and look through a narrow slit. And what do they see through this uterine gap? A virgin, hanging head down, upended and compelling, desiring, with a kind of atomic mushroom coming out of her body. The viewer becomes a voyeur. On the other side of the wall, a mandorla, another sexual symbol, is edged about with tapume skin. But this giant vulva is sealed off with bricks. The visceral excrescenc­es of networks and knots that beset the white, neutral space are themselves beset with rot. The artist spread blackish patches of mold, parasites and ersatz fungi. The walls, floors and ceilings are spotted with randomly scattered patches throughout the gallery space. More detritus, abandoned mattresses recuperate­d after Hurricane Katrina in New Orleans are assembled to make a huge sculpture with a big cavity. Condensati­on is a kind of hybrid magma which is constantly growing from inside, combining at once the vegetal, the organic and the structural.

Translatio­n, C. Penwarden

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