PARIS Édouard Taufenbach
Galerie Intuiti / 17 - 24 novembre 2015 Si Édouard Taufenbach combine photographies vernaculaires et références au modernisme, c’est moins pour être sûr d’être à la mode que pour jouer des interactions entre deux logiques apparemment incompatibles : la constitution d’une mémoire familiale – en l’espèce, un vieil album de famille – et les expérimentations géométriques et chromatiques de Josef Albers. Chacune des oeuvres de la série Hommage2 démultiplie l’un des portraits de l’album sous la forme de vignettes découpées et repeintes aux couleurs de l’Hommage au carré d’Albers dont elle dérive. L’agencement et la coloration des vignettes ne répondent pas à une règle unique. AV est la composition la plus fidèle. Mais, comprenant quatre cents fois le même portrait, c’est aussi la plus hypnotique. Sa répétition n’entraîne paradoxalement pas la dilution de l’image. Recouverts de plus ou moins d’aplats colorés et transparents, chacun des visages semble singulier. D’autres compositions, plus complexes, accentuent la perspective ou le dynamisme inhérents aux emboîtements de carrés colorés de l’auteur d’Interaction of Color. Toutes sont différentes, sauf quand la logique d’Albers rejoint celle de la mémoire familiale : pour ne pas défaire les couples, Taufenbach travaille à partir de deux tableaux, conçus par Albers comme des paires, auxquels il applique la même règle. Ainsi, loin d’une plongée mélancolique dans des images mortes et loin d’un commentaire par trop savant sur l’histoire de l’art, c’est à une joyeuse réunion de famille que l’artiste nous convie. If Édouard Taufenbach combines vernacular photography and references to modernism, he does so less to be fashionable than to play on the interactions between two apparently incompatible logics: the constitution of a family memory, in the form of an old family album, and the geometric and chromatic experiments of Josef Albers. Each of the works in the Hommage series reproduces one of the portraits in the album in the form of vignettes that are cut out and repainted in the colors of Albers’ Homage to the Square. A
is the most faithful composition. And, comprising four hundred times the same portrait, it is also the most hypnotic. Paradoxically, its repetition does not cause the image to become diluted. Covered with varying amounts of patches of colored and transparent paint, each of the faces seems singular. Other, more complex compositions accentuate the perspectives or the dynamism inherent in the nesting colored squares by the author of Interaction of Color. All are different, except when Albers’ logic coincides with that of family memory. In order not to separate the couples, Taufenbach works with sets of two paintings, which Albers conceived as pairs, applying the same rules to them. What the artist gives us here is not a melancholy immersion in dead images or an overly learned commentary on the history of art, but a joyous family reunion.
Translation, C. Penwarden
V