Splendeurs & misères. Images de la prostitution. 1850-1910
Musée d’Orsay / Flammarion Évoquant dans sa préface Baudelaire, Manet et Picasso, Guy Cogeval, président d’Orsay et de l’Orangerie, écrit: « L’art et la prostitution semblent entretenir dans l’imaginaire des relations consubstantielles. » De fait, au point qu’on s’étonne que le thème n’ait pas été traité plus tôt par une exposition d’ampleur comparable à celle qui se tient au musée d’Orsay jusqu’au 17 janvier. Celle-ci s’accompagne de rien moins que de deux ouvrages dont le contenu scientifique dépasse n’importe quel colloque qui aurait pu être produit sur la question, auxquels s’ajoute un amusant abécédaire. Le catalogue proprement dit de l’exposition s’attache à l’étude des représentations peintes ou photographiques, du modèle dans l’atelier dont le statut est équivoque, à la scène de bordel. Le sous-titre de Prostitutions, le livre qui complète ce catalogue, est paradoxal car ces « représentations aveuglantes » sont extrêmement éclairantes si l’on suit le regard des historiens, archivistes, chercheurs en anthropologie, sociologie, psychanalyse, spécialistes de l’opéra et de la mode qui y sont réunis. Toutefois, des thèmes relient les études d’un ouvrage à l’autre, tel celui du continuum qui désenclave la prostitution pour l’envisager en regard du statut général de la femme, de la serveuse de bar à la femme mariée bourgeoisement. La parole des premières concernées n’est pas oubliée dans un passionnant chapitre, « Les prostitutions à travers le prisme de l’écriture de soi », dû à Yagos Koliopanos. La lecture des deux ouvrages devrait être rendue obligatoire à tous les législateurs, notamment cette conclusion du collectionneur et prêteur de l’exposition, Alexandre Dupouy: « Réglons d’abord les questions de la relation entre les sexes et le problème de la prostitution en sera automatiquement résolu. »