Pino Pascali. Retour à la Méditerranée
Les Presses du réel Pour bâtir son étude de l’oeuvre abondante et protéiforme élaborée durant sa brève carrière par Pino Pascali (1935-1968), Valérie Da Costa a puisé aux archives de l’artiste conservées par la Fondazione-Museo Pino Pascali à Polignano a Mare, le berceau familial situé dans la région des Pouilles. Cet ancrage géographique lui fournit l’un des thèmes qu’elle développe en écho à l’imaginaire maritime de certains volumes en tissu ( Mare, 1966) ou encore à 32 mq di mare circa (1966), sculpture au sol transcrivant la surface de la mer et ses couleurs changeantes en une grille composée de cuves pleines d’une eau colorée en différentes nuances de bleu : le rapport à la nature s’y trouve posé, de même que la question du matériau, mais aussi la dimension scénographique de l’installation. Il s’agit là de quelques-unes des perspectives développées par Valérie Da Costa, qui utilise autant les photographies – des oeuvres ou de l’artiste se mettant en scène avec elles – que les correspondances avec les critiques de l’époque, ainsi que leurs commentaires, pour éclairer l’idée de « fausse sculpture » propre à Pascali et son inscription dans le contexte italien des années 1960: l’ouvrage débute avec l’évocation de la Biennale de Venise de 1968 et des polémiques dont elle fut le théâtre. Dans la sculpture de Pascali, particulièrement sa série des Armi (1965), mais aussi dans ses propos, apparaît le poids de la guerre sur la scène italienne, où les artistes sont amenés à « se place[r] sur un plan critique de l’histoire et de la conscience », « au-delà des problèmes esthétiques » : une façon de se démarquer du néo-dadaïsme et surtout du pop art dominant. De même que l’idée de « structures du primaire » énoncée par Maurizio Calvesi permet de penser en d’autres termes la tendance parallèle à la réduction formelle.