Art Press

Nina Kovacheva

- Nelly Gabriel

Musée d’art moderne et contempora­in / 19 septembre 2015 - 31 janvier 2016 Au premier regard, les grands dessins de Nina Kovacheva, en noir et blanc et mêlant acrylique et encre sur papier, ont quelque chose de simpliste. Le trait en est schématiqu­e, voire allusif, les formes juste cernées, les volumes traités en aplats, le tout dans une économie de moyens qui ne s’embarrasse pas de séduction. Une manière sans doute, pour l’artiste, de passer en force dans l’esprit de celui qui regarde. Bref, « c’est du brutal. » Et c’est normal : le contenu de ses dessins est en effet brutal. Ces adolescent­s, qui jouent de la « kalach » ou du cimeterre entourés d’engins de guerre immergés dans un univers de fantasy pas du tout héroïque, sont très éloignés des gentils petits monstres qui se cachent sous leurs lits d’enfants. Ils sont plongés dans des violences d’adultes, qu’ils affrontent plus qu’ils ne subissent d’ailleurs. L’esthétique de ces dessins (souvent sous forme de diptyque) emprunte à la culture populaire, tant dans la forme (bande dessinée, affiche…) que dans le contenu (Superman côtoie Mickey et Maître Yoda, Donald Duck voisine avec Batman…). Ils empruntent aussi à la culture classique : derrière les Lolitas se profile la figure de l’Odalisque ou de Judith. Cette oeuvre interroge. Ainsi, comment interpréte­r l’ironie qui pointe ici son nez rouge comme celui des masques que revêtent certains Mickeys voyeurs ? Que dire du sourire qu’arborent souvent ces jeunes gens en plein flirt avec le morbide ? Dichotomie, dualisme, ambivalenc­e… ces termes s’imposent au fil de la traversée de cette exposition intitulée Mariage du Ciel et de la Terre, où l’on peut percevoir, entre autres, une apologie des contraires, assez dans l’esprit de William Blake auquel la série emprunte son titre. En tout cas, des images coups de poing comme autant d’aphorismes picturaux… At first glance, these large black and white drawings by Nina Kovacheva mixing acrylic and ink on paper, seem rather simple. The line is schematic, perhaps allusive, the forms merely outlined, the volumes unshaded, and the general economy of means doesn’t trouble itself with visual allure. Presumably, this is the artist’s chosen method for making an instant visual impression. The “brutal” method. But then the content of the drawings is also brutal. These adolescent­s “playing” the Kalashniko­v or scimitar sur- rounded by a very unheroic fantasy world are a long way from the nice little monsters that hide under the children’s beds. They are immersed in adult violence, which they confront rather than suffer. The aesthetic of these drawings (often in the form of diptychs) draws on popular culture, both in their form (cartoon, poster) and their content (Superman cohabits with Mickey and Master Yoda, Donald Duck with Batman). But classical culture is also there in the odalisque and Judith figures who lie behind the standard Lolitas. How are we to interpret the irony that shows its red nose, like the mask worn by certain voyeuristi­c Mickeys? And what should we say of the smile of these youngsters who flirt with morbidity? Dichotomy, dualism, ambivalenc­e— these are the terms that come to mind as one moves through this exhibition titled “Marriage of Heaven and Earth” where, among other elements, we detect an apology for opposites in the spirit of William Blake, from whom that title is taken. Carry a real punch, these images are visual aphorisms.

Translatio­n, C. Penwarden

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