La Porte au coeur de l’intime
Arléa En 2009, dans Des murs… au Mur (Gründ), Georges Banu s’était intéressé à l’ambivalence symbolique et politique du mur (Mur de Berlin, Mur des lamentations, murs aux frontières). Encore auparavant, en 1997, il publiait le Rideau ou la fêlure du monde (Adam Biro) : rideau de scène et motif pictural qui, tous deux, séparent, dévoilent. Son dernier essai, la Porte au coeur de l’intime, explore l’univers des portes à travers l’histoire de l’art et le théâtre. Georges Banu semble approfondir une réflexion sur des objets aussi structurants que signifiants qui ont pour point commun de définir des limites ou des transitions. Ouvertes ou fermées – ou entre les deux –, les portes ont profondément à voir avec la notion d’espace, qu’il soit intérieur (une maison), extérieur (la rue, les coulisses) ou mental (l’imaginaire). Du 16 siècle à aujourd’hui, Georges Banu sonde ainsi ce nouvel objet. Il cherche à découvrir ce que ces portes racontent des oeuvres qu’elles habitent et de leurs époques. Les intérieurs hollandais dans la peinture du 17 siècle – comme chez Hoogstraten ou de Hooch – sont paisiblement ouverts sur la ville. Au 19 siècle, ces intérieurs se font plus intimes. Ceux d’Hammershøi isolent mais protègent. À l’orée du siècle suivant, l’ancien refuge peut se transformer en prison : « cellule kafkaïenne », Huis clos de Sartre. Il arrive également que le dedans se fonde au dehors, comme dans certaines toiles de Matisse ou Bonnard. Petit à petit, les limites semblent s’estomper. L’auteur parle alors d’espaces libérés mais incertains, à mettre en lien, plus tard, avec la tendance aux lofts et autres open spaces. C’est un autre rapport à ce qui nous entoure. Nos portes seraient l’expression de nos visions du monde.