Art Press

Andres Serrano

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La Collection Lambert / 20 décembre 2015 - 12 juin 2016 Il y a cinq ans, une version d’Immersions (Piss Christ) d’Andres Serrano était vandalisée dans les murs de la Collection Lambert en Avignon. On peut regretter que l’oeuvre soit absente de la seconde exposition d’importance que le musée consacre au photograph­e américain né en 1950, tant cette mesure de prudence, après de nouvelles manifestat­ions d’hostilité en Corse en 2014, a des allures d’autocensur­e. Mais elle a aussi le mérite de rappeler que l’oeuvre d’un artiste ne se réduit pas à quelques icônes et de souligner que celle de Serrano, d’une rare intensité, n’a nullement besoin de recourir à la provocatio­n – fût-elle un simple sous-titre – pour être explosive. À cet égard, s’il ne fallait retenir qu’une salle de l’exposition soit-il, ce serait celle qui réunit des portraits de Noirs sans-abri new-yorkais, de membres du Ku Klux Klan dissimulés par leurs cagoules et des natures mortes d’armes à feu, trois séries produites vers 1990 qui disent, dans un raccourci brutal et avec une sobriété glaçante, les vices ontologiqu­es de la démocratie libérale américaine. Mais on passerait alors à côté d’un autre enseigneme­nt de cette exposition qui est, dissimulé par un certain systématis­me formel, le renouvelle­ment constant de l’oeuvre. Il est notamment le fait de l’abandon du contrôle que permet le studio, déjà éprouvé mais jamais aussi assumé que dans les récentes séries réalisées à Cuba (2012) et dans la Chapelle Matisse de Vence (2015). Serrano y poursuit ses obsessions, mais sait se laisser surprendre par des situations qui, sans le moindre détour, montrent une vérité nue.

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