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La Mort de Louis XIV. Apogée et crépuscule de la royauté

- Vincent Roy

Gallimard Laissons parler le roi stoïque – il s’adresse à Madame de Maintenon avant de quitter la scène : « Je m’imaginais qu’il était plus difficile de mourir que cela. Je vous assure que ce n’est pas une grosse affaire : cela ne me paraît pas malaisé du tout. » La mort de Louis XIV, le 1 septembre 1715, est l’occasion, pour l’historien Joël Cornette, de dresser un bilan du règne et, partant, d’interroger sa « mécanique », son système. « C’est la fin d’un monde », celui de la royauté absolue, de l’hyperperso­nnalisatio­n du pouvoir, de « l’incarnatio­n de la souveraine­té » ; c’est la fin d’une certaine conception de l’autorité que Cornette vise. Aussi, et c’est encore plus captivant, s’arrête-t-il sur la théâtralis­ation du règne et le fait que Louis XIV jouera, jusqu’à la fin, avec ses deux corps : le premier, qui est condamné à mourir (personne physique), et le second, qui tient la souveraine­té : « Je m’en vais mais l’État demeurera toujours… », déclarera le roi sur son lit de mort. Jusqu’au bout donc, le second corps du roi « jouera » la représenta­tion non sans un courage certain, salué même par Saint-Simon qui ne laissera pas pourtant d’avoir la dent dure contre le monarque. Cornette passe le règne au crible, démonte la machine du pouvoir. Il insiste sur le fait que Louis XIV est un super « publicitai­re » avant l’heure. L’État médiatique, observe-t-il, est né avec le Roi-Soleil : « On pourrait ainsi relire l’histoire du gouverneme­nt louis-quatorzien à l’aune de cette exigence souveraine, et notamment la plus grande entreprise de propagande de l’histoire de la monarchie, érigeant […] la gloire du prince en impératif politique. » Mais surtout, son essai historique se lit comme un roman foisonnant. C’est que Cornette écrit fort bien – ce qui n’est pas le cas de tous les historiens.

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