Groupe mobile
Villa Vassilieff / 13 février - 2 juillet 2016 Le 21 avenue du Maine est une adresse célèbre pour qui s'est intéressé à l'histoire du Montparnasse des années folles. L'artiste Marie Vassilieff (1884-1957) y avait son atelier où elle tenait une cantine pour les artistes désargentés de la première École de Paris. Plus tard, dans les années 1970, des performances ont été organisées là, par Jean-Jacques Lebel notamment. Le musée du Montparnasse a fermé ses portes récemment, avant que les lieux ne soient confiés par la Ville de Paris au centre d'art Bétonsalon, soutenu par la Fondation Pernod-Ricard pour la mise en place d’un lieu de recherche et de travail pour des artistes et commissaires en résidence. L'exposition inaugurale, Groupe mobile (qui tient son titre d'une formule de Brancusi désignant des combinaisons de sculptures et de socles mouvantes et pérennisées par la photographie) possède quelque chose du mouton à cinq pattes tout en ayant une dimension expérimentale très stimulante. Il s'agit en effet d'une tentative de raccrocher des thèmes familiers des paysages intellectuels de Bétonsalon au tissu artistique et historique de Montparnasse. L'histoire de l'art est omniprésente dans l’exposition, mais avec la volonté évidente d'échapper à un quelconque académisme. Plusieurs fils peuvent être tirés de ce parcours qui, s'il peut sembler un peu trop cryptique au premier abord, voire parfois artificiel, donne aussi le sentiment positif d'un grand chantier en cours de recherches parallèles. Le visiteur est d'abord accueilli par une étagère où sont présentées des images issues du fonds de Marc Vaux (1895-1971), lequel a photographié pendant plusieurs décennies la vie quotidienne de l'École de Paris. Des liens ont été tissés avec les chercheurs de la Bibliothèque Kandinsky où ce fonds est conservé et en train d'être numérisé. Avec ces riches témoignages, sont évoquées un certain nombre de redécouvertes, comme celle du peintre J.D. Kirszenbaum, dont les oeuvres s'étaient perdues à l’époque du nazisme. Un autre fil consiste en une relecture de cette modernité parisienne à travers les yeux d'un commissaire invité, Sumesh Sharma. Soulignant la présence d'artistes indiens à Paris pendant cette période, il a également invité de jeunes artistes soutenus par le centre d'art qu'il a fondé à Bombay, Clark House Initiative. Aussi passionnante qu'elle soit, cette vision peu connue semble pour le moins anamorphosée et procéder de jugements parfois un peu rapide. Des artistes plus ou moins proches de Bétonsalon ont enfin été invités à aménager les espaces d'exposition et de travail, par exemple Karthik Pandian, ou Emmanuelle Lainé qui signe une superbe installation photographique, mise en abyme de la pièce où l'on se trouve. Laura Lamiel a installé une de ses cellules où elle vient régulièrement travailler. D’autres oeuvres et documents, historiques et contemporains, sont aussi présents, qu'il est parfois difficile de relier au propos général de l'exposition. Mais à la fin de la visite, cela importe peu, car les lieux s'autorisant ce degré de liberté sont rares à Paris. Anyone with an interest in Montparnasse during the Roaring Twenties will know all about 21 Avenue du Maine. It was here that artist Marie Vassilieff (1854–1957) had her studio but also organized a canteen for impecunious artists of the First School of Paris. Later, in the 1970s, performances were organized here, some by JeanJacques Lebel. A recent occupant, the Musée du Montparnasse clo- sed not long ago and the municipality has entrusted the space to the Bétonsalon art center, supported by the Fondation PernodRicard, with a view to creating a research and work center for artists and curators in residence. The inaugural exhibition, Groupe mobile (an expression used by Brancusi to describe combinations of sculptures and moving bases, as recorded for posterity by photography), is both an oddity and a very stimulating experiment. It represents an attempt to weave familiar themes from Bétonsalon’s intellectual landscapes into the artistic and historical fabric of Montparnasse. Art history is everywhere in this show, but with a manifest determination to avoid academicism. Several strands can be isolated in this sequence which, if it may seem a trifle abstruse at first, and even artificial, also conveys the positive vibe of ambitious parallel researches. Visitors begin with a shelf with images by Marc Vaux (1895– 1971), who spent several decades photographing the everyday life of Parisian painters. These photos are kept at the Pompidou Center’s Bibliothèque Kandinsky, which is currently digitizing them, and the Bétansalon is developing a partnership with researchers there. This rich record brings its share of discoveries, such as the painter js. Kirszenbaum, whose works were lost during the Nazi years. Another strand is the rereading of this Paris-based modern painting through the eyes of guest curator Sumesh Sharma. He puts the spotlight on Indian painters active in the city during this period and at the same time has invited young artists supported from the art center he has set up in Mumbai, the Clark House Initiative. Fascinating as it certainly is, this unusual vision also seems rather enigmatic and based on occasionally hasty judgments. Finally, artists in the orbit of Bétonsalon have been invited to organize exhibition and work spaces, among them Karthik Pandian and Emmanuelle Lainé, whose superb photographic installation is a mise-en-abyme of its room. Laura Lamiel has installed one of the cells where she comes regularly to work. Other works and historical documents, both historical and contemporary, are harder to connect to the general theme. In the end though, these are peccadilloes in a city where this kind of artistic freedom is rare.
Translation, C. Penwarden