BIENNALE DE SYDNEY the future is already here
Sydney / 18 mars - 5 juin 2016
Stephanie Rosenthal, en congé de son poste de conservatrice en chef de la Hayward Gallery de Londres, est commissaire de la Biennale de Sydney 2016. Intitulée The Future is Already Here – It’s Just not Evenly Distributed (Le Futur est déjà là – C’est seulement qu’il n’est pas distribué équitablement), cette 20e édition met l’accent sur des oeuvres au fort potentiel expressif, dans lesquelles domine la tension texte / image.
« Vous appelez ça de l’art ? » Le problème, avec ce genre de critiques conservatrices, c’est qu’elles semblent ne rien comprendre à ce que l’art est devenu au 20e siècle. Comment est-ce possible ? Dire qu’il ne s’agit plus de beauté ou de mimèsis, c’est enfoncer une porte ouverte. S’en plaindre, c’est vouloir faire rebrousser chemin à l’histoire. Les biennales commissionnées qui prolifèrent de par le monde sont devenues un marathon de lecture plutôt que d’observation. La dimension visuelle n’est là que pour éclairer le point de vue philosophique, politique ou psychologique de l’artiste, à la manière parfois d’un cahier de belles images hors-texte dans un magazine d’informations. Le pur plaisir du métier se fait rare. Ainsi en va-t-il de la biennale de Sydney. L’espace de l’exposition est divisé en « Ambassades », correspondant chacune à un axe conceptuel. « Carriageworks », espace en tension, consacré à la performance et aux arts visuels, aménagé dans une ancienne gare de triage, est l’« Ambassade de la disparition ». Deux oeuvres mémorables y mettent en évidence le point où bifurquent l’idée verbalisée et l’imagerie visuelle. L’installation de l’artiste taïwanais Chen Chieh-jen sur la mémoire politique et les populations marginalisées, intitulée The Bianwen Book 1. A Genealogy of my Cultural References, occupe une pièce à elle seule. Sur un mur, des panneaux illustrent des moments significatifs à l’intersection de l’histoire de Taïwan et du monde. Le panneau 5, par exemple, intitulé Lien Fu Employee’s Self-help Group (Disabling the System with its own rules), raconte les conséquences de la fermeture d’une usine de textile.