PARIS EST-IL UN FESTIVAL ?
A more moveable festival scene
L’ouverture de la saison des festivals, avec notamment
organisé par l’Ircam, du 2 juin au 2 juillet 2016, est l’occasion de considérer la façon dont ces rendez-vous événementiels pourraient offrir aux Parisiens une expérience sensible et élargie de l’art, dans ses relations organiques avec la ville.
Depuis les attentats du 13 novembre 2015, l’un des plus beaux titres de la littérature mondiale est devenu notre étendard : Paris est une fête. Devant le Bataclan et les cafés visés par les terroristes, des exemplaires du livre d’Ernest Hemingway sont apparus au milieu des fleurs et des bougies. Le récit autobiographique d’Hemingway fait revivre ses années de jeunesse passées dans le Quartier latin des Années Folles. L’apprenti journaliste qu’il était à l’époque mène une vie de bohème au sein d’une communauté artistique aussi flamboyante que cosmopolite : Francis Scott Fitzgerald, Gertrude Stein, Ezra Pound, James Joyce et quelques autres. Sous la plume d’Hemingway, Paris est une fête, Paris est une fête des arts et de la culture. Cette célébration de la Ville Lumière écrite par un étranger nous rappelle, à plusieurs décennies de distance, que la capitale française est un symbole qui appartient au monde entier. Le symbole d’une métropole universelle qui fait de la création artistique un pilier de son rayonnement et un outil d’émancipation au service de ses habitants. En choisissant spontanément Paris est une fête comme formule de ralliement, les Parisiens ont brandi leur fierté d’appartenir a une ville festive et vibrante de cultures. En son temps Hemingway l’avait formulé ainsi : « Paris valait toujours la peine, et vous receviez toujours quelque chose en retour de ce que vous lui donniez ». municipalité a fait la promotion du mode de vie des Parisiennes et des Parisiens en rappelant que la capitale compte des centaines de salles de concert et de théâtres, plus de 13 000 cafés et restaurants, 80 marchés et 14 000 boutiques. À ces chiffres flatteurs, il convient d’ajouter une centaine de festivals en tout genre qui s’emploie avec plus ou moins de bonheur à faire de Paris une fête. Contrairement aux saisons culturelles rythmées à l’avance par des abonnements et des modes de relations avec les publics qui ont finalement peu évolué depuis vingt ans, les festivals peuvent offrir un cadre spatio-temporel ouvert et dynamique – surtout lorsqu’ils s’émancipent des lieux culturels habituels. Ils permettent de régénérer les modes de rencontre entre les publics et les oeuvres en proposant des expériences artistiques qui redonnent du sens à l’esprit de groupe et à la notion de communauté, avec ce souffle d’utopie qui leur est propre. Qu’ils soient dédiés à la musique contemporaine, à la techno, aux séries TV, à l’art dans l’espace public ou à la cuisine, la vitalité des festivals résulte de la mise en tension de forces contraires : expérimentation et entertainment, authenticité et simulacre, réel et fiction, humour et gravité de la situation, amateurs et professionnels, particularismes locaux et rayonnement universel, singulier et collectif, arts savants et expressions