Camille Henrot
Fondazione Memmo / 12 mai - 6 novembre 2016 Il y a quatre ans que la fondation Memmo organise des expositions contemporaines dans les écuries du palazzo Ruspoli. Cette initiative d’Anna d’Amelio Carbone et Fabiana Marenghi Vaselli Bond, directrices du lieu et petites-filles du fondateur de cette discrète institution romaine, consiste à inviter des artistes en résidence – Camille Henrot cette année – pour produire des oeuvres nouvelles à partir de savoir-faire locaux par exemple. Une fois par an, est également organisée une exposition de groupe avec des artistes pensionnaires des instituts étrangers comme la Villa Médicis, astucieuse manière de mettre en lumière ce vivier artistique romain trop peu visible. Monday, l’exposition que Camille Henrot a réalisée après des recherches dans des collections publiques et privées sur la peinture romaine et les pattes de lions qu’ont parfois les statues, est une réussite. C’est un voyage lunaire et mélancolique, enthousiasmant aussi, qui pourrait avoir pour objectif de « transformer les lundis en jours fériés », s’amuset-elle pendant le vernissage, tout en commentant un poème dans lequel Michel-Ange se plaint des douleurs physiques que le travail à fresque procure – elle-même ayant ce jour-là le dos bloqué. Pendant plusieurs semaines dans une fonderie de Nola, non loin de Naples, où sont produites dans un mélange détonnant des oeuvres contemporaines et des vierges pour les églises, elle a réalisé des sculptures de bronze monumentales : une Derelitta, femme griffue abandonnée, le pied posé sur une roue de bicyclette pour enfants ; No Message et Undelivered Message, qui font osciller une boule de bois sur le sol pour la première, et dans laquelle, pour la seconde, une larme de bronze tombe sur une tablette électronique en métal, comme si elle dégoulinait d’un (vrai) videodisc du film A Shot In The Dark de Blake Edwards, cher au coeur de l’artiste. La pesanteur formelle de ces pièces contraste d’une façon réjouissante avec la légèreté de leur propos, à l’image de The Man Who Understands Animal Speech Will Be Pope: « Lorsque le pape est venu à New York, les chiens sur les trottoirs ont été costumés en pape », raconte la commissaire de l’exposition, Cloé Perrone. Monday révèle également une série de fresques (qui seront détachables des cimaises). Camille Henrot a travaillé avec un restaurateur du Quirinal, mais en utilisant de façon plutôt hérétique des pigments japonais, peut-être pour mieux s’approcher des couleurs de la lune. L’humour incisif de son regard sur notre société de consommation prend toute sa force dans la rapidité du trait imposée par cette technique. Une longue frise encercle des sculptures tout autour d’une pièce. Une autre salle est consacrée à « ce qu’il ne faut pas faire », par exemple ne pas fumer, ou ne pas essayer de lire son horoscope chez soi, le sujet de l’une des plus belles fresques de l’exposition, dont la surface est en partie griffée, révélant le ciment gris du mur sous le stuc. Un zootrope complète l’exposition : des êtres hybrides mihomme mi-chien tentent de courir autour d’un mas de Cocagne, mais ils sont tenus en laisse, image d’une volonté de contrôle qui se mêle avec celle de tout lâcher. Four years ago the Memmo Foundation held a series of contemporary exhibitions in the stables at the Palazzo Ruspoli, where Anna d’Amelio Carbone and Fabiana Marenghi Vaselli Bond, the directors and granddaughters of the founder of this discreet institution, organize residencies where artists can produce works based, often, on local skills. Once a year they also put on a group show with artists in residence at foreign institutions such as the Villa Medici, which is a clever way of highlighting this all too discreet Roman incubator of talent. Monday, the exhibition that Camille Henrot has put on after doing
“when the Pope came to New York, the dogs on the sidewalk were dressed up like the pope,” recounts the curator of the exhibition, Cloé Perrone. Monday also reveals a series of frescoes (which can be detached from the picture walls). Henrot worked with a restorer at the Quirinale, using Japanese pigment in a rather heretical way, the better to approach the colors of the moon. Her incisive vision of our consumer society draws all its strength from the speed of touch required by this technique. A long frieze encircles sculptures all around one of the rooms. Another room is devoted to “what should not be done”—for example, do not smoke, or try to read your horoscope at home (the subject of one of the finest frescoes in the exhibition, the surface of which is partly scratched, revealing the gray cement of the wall under the stucco). A zootrope completes the exhibition: hybrid beings, halfman and half-dog try to run around a maypole but are held on their leashes, with the image of the will to control combined with the urge to let it all hang out.
Translation, C. Penwarden