Art Press

CLO’E FLOIRAT drawing crit’

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Au cours de l’été 2013, j’ai grimpé la colline de Hyères pour aller voir l’exposition que la Villa Noailles consacrait à Marcel Breuer. C’est là que j’ai découvert le travail de Clo’e Floirat, qui montrait quelques dessins sur les murs d’un couloir conduisant à Design Parade. J’ai noté son nom, un peu distraitem­ent, en me disant que le ton de ces images avait quelque chose de particulie­r ; c’était un regard porté sur ce festival de design, une sorte de mise en abîme discrète et pince-sans-rire, qui épinglait avec humour les « must-design » des « establishe­d designers » et autres « chaises-athlon ». Pas vraiment du dessin de presse, pas non plus de l’illustrati­on, cela s’appelait Drawing Crit’. L’hiver suivant, nous recevions la propositio­n spontanée d’un entretien avec Dieter Meier. L’auteur connaissai­t bien la scène pour avoir travaillé de près avec Bob Wilson qui était à ce moment-là le grand invité du Louvre, indiquait une brève recherche sur internet pour vérifier que la propositio­n était sérieuse. Son nom me rappelait quelque chose. Nous avons organisé un rendez-vous avec Clo’e Floirat pour parler de Dieter Meier, et l’avons conclu avec le projet d’une chronique nouvelle dans artpress, une chronique dessinée qui porterait à la fois sur le monde de l’art et l’histoire de l’art, sur des oeuvres et sur des artistes, sur des actualités tour à tour enthousias­mantes ou tragiques. LE PAYSAGE DE L’ART Depuis quelques années, Clo’e Floirat invente chaque jour sa pratique sous des facettes multiples qui rendent difficile de la ranger dans une case rassurante. Elle montre régulièrem­ent son travail dans des exposition­s, à Atopos, un centre d’art d’Athènes par exemple, mais aussi dans des revues françaises et internatio­nales. Depuis 2011, elle est chaque année invitée à couvrir les éditions de Monumenta au Grand Palais. Par ailleurs, elle poursuit sa pratique d’écriture et ses collaborat­ions avec Bob Wilson ou RufusWainw­right pour qui elle a assuré la direction artistique de Prima Donna, A Symphonic Visual Concert. Son livre Pas mal pour de l’art rassemble une centaine de dessins à travers lesquels on passe au fil de quelques chapitres de musées en galeries, de celui qui aurait bien vu un Soulages en bleu, à des baigneurs en maillot faisant la queue devant Martin Parr, et à l’artiste qui aurait pu utiliser de la peinture un peu moins chère. Le dessin qui montre que « la relation entre l’artiste et le critique est similaire à celle entre la statue et le pigeon », publié dans le artpress n°426, conclut le livre dans un salut de ses petits personnage­s qui font désormais partie du paysage de l’art.

Anaël Pigeat

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