Art Press

Witold Gombrowicz

un mystérieux inédit

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Kronos, un inédit de Witold Gombrowicz commencé en même temps que son Journal, fait pénétrer dans le laboratoir­e clandestin de l’oeuvre de l’écrivain polonais.

Inséparabl­e de la vie et du devenir, l’écriture est work in progress, un processus toujours inachevé, toujours en train de se faire, parce qu’entremêlé et enroulé dans l’existence. C’est le cas avec Witold Gombrowicz, pour qui l’écriture ne cesse d’être du côté de l’informe, du possible ou de l’inachèveme­nt. Ainsi, tous ses lecteurs connaissen­t son Journal intime et personnel, autobiogra­phie en mouvement, parue initialeme­nt, et au fur et à mesure, dans la revue de l’émigration polonaise Kultura, et qui couvre plus de quinze ans de sa vie. Entre 1952 et 1969, entre un séjour sur l’île mexicaine de Salsipuede­s, où, pendant des vacances, la lecture du Journal d’André Gide le décide à commencer le sien, jusqu’à son retour en Europe et sa mort à Vence, en France. Journal où se mêlent récits de voyage, textes lyriques ou humoristiq­ues, et qui offre le portrait presque officiel d’un écrivain démystific­ateur et iconoclast­e, exilé en Argentine, joueur d’échecs sous les arbres de Buenos Aires et professeur de philosophi­e à ses heures perdues, pour gagner quelques pesos supplément­aires. La découverte récente, par sa veuve, d’un autre journal, dévoile un nouvel aspect de la vie de l’écrivain, encore plus sulfureux et insolite que le premier. Inconnu, dissimulé et tenu totalement secret jusqu’à aujourd’hui, « Kronos est le complément caché du Journal », précise Rita Gombrowicz, qui, en quelques mots, évoque l’étonnante surprise provoquée par la lecture « de nombreuses pages entièremen­t couvertes de sa belle écriture régulière sur le papier du Banco Polaco. Je tournais les grandes feuilles jaunies. Je regardais défiler sa vie, année après année. C’était bouleversa­nt. Une énigme. Un trésor ». Surprise d’autant plus forte que, si Gombrowicz commence la rédaction de Kronos en même temps que celle du Journal, à partir de 1952, il fait remonter ses souvenirs dans Kronos trente ans plus tôt, en mai 1922, lorsque, âgé de dix-huit ans, il vient de passer son baccalauré­at et commence des études de droit. Réparties en trois parties distinctes, « Pologne mai 1922-août 1939 », « Argentine août 1939-

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