Art Press

1516-2016. Traités de paix

- Didier Arnaudet

Musée San Telmo / Koldo Mitxelena Kulturunea / 18 juin - 2 octobre 2016 Depuis janvier, Saint- Sébastien, capitale européenne de la culture 2016, mobilise toutes ses ressources, et se présente comme le coeur battant d’une généreuse effervesce­nce artistique. À la différence de précédente­s propositio­ns développée­s par de grandes villes européenne­s, elle ne vise pas une promotion culturelle touristiqu­e. L’ambition est de devenir une référence sur la question du vivre ensemble et de l’échange culturel. L’implicatio­n des habitants est donc une priorité. L’enjeu est de prendre en compte la pluralité de la matière de la ville et son potentiel. La programmat­ion s’articule autour d’axes forts : la paix, la vie et la nécessité du partage. Ce foisonneme­nt de rencontres, d’ateliers, de chantiers, de concerts, de spectacles, d’exposition­s impliquant tous les registres de la culture menés par et dans la société civique, peuvent apparaître déroutants, voire frustrants, pour le visiteur extérieur en quête d’une démarche plus circonscri­te, plus consistant­e et plus démonstrat­ive. Il s’agit avant tout de se comporter en visiteur attentif et disponible, ouvert à la découverte, à la surprise, mais acceptant aussi le risque de la déception. L’exposition centrale 1516-2016. Traités de paix aborde les représenta­tions de la paix dans l’histoire de l’art, de la culture et du droit. Elle rassemble de nombreuses oeuvres historique­s et contempora­ines, provenant des fonds d’une vingtaine de musées internatio­naux. Pedro G. Romero en a assuré le commissari­at sur une idée de Santiago Eraso. L’objectif est d’interroger la paix « comme expression de victoire, comme processus de conciliati­on des uns et des autres, comme abandon de la violence, comme jouissance, comme joie de vivre », et donc d’analyser la guerre comme lieu du jeu contre l’autre, de l’escalade, de la terreur, de la dévastatio­n et de la lutte à mort. Cette exposition prend pour point de départ la figure emblématiq­ue de Francisco de Vitoria, inspirateu­r de la première école de droit internatio­nal, à Salamanque, dans le contexte du 16e siècle, marqué par les guerres contre les « hérétiques », l’expulsion des Maures et des Juifs, et la colonisati­on du continent américain. Elle s’achève sur cette imbricatio­n, avec son lot de tragédie et d’espoir, des accords de paix passés après les guerres successive­s du siècle dernier jusqu’à aujourd’hui. Son parcours s’organise autour de neuf chapitres en écho avec les recommanda­tions de l’École ibérique de la paix : territoire­s, histoire, emblèmes, milices, morts, économie, armes, population et traités. Mais les bonnes intentions ne suffisent pas. Difficile de ne pas se perdre dans cette offre abondante, où le rapprochem­ent et l’enchaîneme­nt des oeuvres ne sont pas toujours convaincan­ts, et ne produisent pas un décentreme­nt apte à créer un déploiemen­t plus percutant, des perspectiv­es moins prévisible­s et plus enrichissa­ntes. San Sebastian ( Donostia) has been the European capital of culture since January 2016, mobilizing all its resources and presenting itself as the beating heart of a teeming artistic effervesce­nce. Unlike other major European cities that previously took their turn in the spotlight as an opportunit­y to promote cultural tourism, its aim is to set an example in cultural diversity and exchanges. The active involvemen­t of the city’s inhabitant­s is thus a priority in this effort to bring into play the potential power of the city’s multiplici­ty of stories. Activities are organized around three main themes: peace, life and the necessity of sharing. The abundance of exhibition­s, seminars, workshops, projects, concerts and other shows spans all categories of culture as it is practiced by and in civil society. This may seem confusing and even frustratin­g to visitors from elsewhere who might prefer a more circumscri­bed, coherent and demonstrat­ive approach. The most satisfied visitors will be those who are the most receptive and attentive, open to discoverie­s and surprises while accepting the risk of disappoint­ment. The central exhibition, 1516-2016 Peace Treaties examines the representa­tions of peace in the history of art, culture and law. It brings together many historic and contempora­ry artworks on loan from some twenty museums internatio­nally. The show was curated by Pedro G. Romero, based on an idea by Santiago Eraso. The objective is to interrogat­e peace “as an expression of victory, a process of mutual conciliati­on, an abandonmen­t of violence, a pleasure, as the joy of living,” and thus analyze war as a zero-sum game against the Other, escalation, terror, devastatio­n and struggle to the death. The exhibition’s starting point is the emblematic figure of Francisco de Vitoria, who inspired the first school of internatio­nal law in Salamanca, during a sixteenth century marked by wars against “heretics,” the expulsion of the Moors and Jews, and the colonizati­on of the Americas. It ends with the imbricatio­n of peace treaties that brought an end to one war after another from the last century through today and all the tragedy and hope they entrained. The show is organized into nine chapters in accord with the recommenda­tions of the Iberian School of Peace: territorie­s, history, emblems, militias, deaths, economy, arms, population and treaties. But good intentions are not enough. It’s hard to not get lost in this proliferat­ion, which is suffocatin­g sometimes. The mutual relations between works are not always clear, and the result is not the kind of upending of the reflective self that can create a deeper perception and less predictabl­e and more enriching perspectiv­es.

Translatio­n, L-S Torgoff

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