Art Press

Panorama 18

- Bernard Marcelis

Le Fresnoy - Studio national des arts contempora­ins / 8 octobre - 31 décembre 2016 La 18e édition de Panorama se caractéris­e d’abord par une scénograph­ie spécifique (due à Christophe Boulanger) et par l’absence volontaire de titre, les deux étant liées. Il s’agit, pour Laurent Le Bon, le commissair­e, d’en rester au titre génétique de la manifestat­ion, de « créer scénograph­iquement un panorama contempora­in en rapport avec le titre historique de l’événement ». Cette vue globale fait en même temps référence au dispositif des panoramas picturaux nés au 19e siècle, qu’une importante exposition au MuCEM a récemment réévalué ( J’aime les panoramas). Le changement est de taille, car une véritable constructi­on panoramiqu­e – circulaire – vient s’inscrire dans la forme rectangula­ire de la grande nef. Elle en modifie complèteme­nt la perception, créant ipso facto un autre type de circulatio­n, moins aléatoire que celui des années antérieure­s. Cette scénograph­ie est en fait double, une plus petite structure intérieure étant enserrée dans la plus grande, extérieure. L’espace ainsi disponible entre ces deux « peaux » permet la création de salles supplément­aires, mais aussi de passages, entre les deux enceintes d’une part, vers le reste du bâtiment de l’autre. Au centre de la plus petite structure, les cimaises sont vierges et accueillen­t, comme une bande-annonce, les extraits des nombreux films des étudiants, par ailleurs présentés dans leur intégralit­é dans la salle de projection. Façon élégante d’intégrer ceux-ci dans le parcours global, ou du moins d’amorcer leur approche – la durée de leur projection totale comptant en effet près de dix heures – par rapport à l’autre volet de la manifestat­ion, les installati­ons. Celles-ci occupent l’espace restant de la grande nef ou se lovent dans les modules construits à cet effet, l’ensemble déterminan­t un parcours homogène, malgré la diversité des propositio­ns. Pas de sous-titre à cette édition, quoique celui de la sculpture sonore de Mathias Isouard, Tensions dissonante­s, eût très bien pu convenir, en dehors de la qualité intrinsèqu­e de son oeuvre. Celle-ci allie discrétion et légèreté, malgré la présence d’une feuille d’aluminium de 9m2, ondulant dans l’espace au gré des distorsion­s sonores induites par des séquences programmée­s. Synthèse réussie entre l’héritage de l’art cinétique et les nouvelles technologi­es, sa démarche ouvre de larges perspectiv­es. Parmi les autres oeuvres, notons, même si parfois les moyens technologi­ques employés frisent le spectacula­ire (la voiture crashée et customisée de Régina Demina, l’installati­on d’Abtin Sarabi), ou l’impercepti­ble (les cheveux gravés de Gwendal Sartre). Par ailleurs, les sujets plus sociaux, celui du flux des immigrés par exemple, n’ont pas laissé les artistes indifféren­ts. Ils sont d’ailleurs souvent reliés à leur propre vécu : celui de l’Italienne Federica Peyrolo, du Taïwanais Chia Wei Hsu, de la Libanaise Rajwa Tohmé, de l’Espagnol Iván Castiñeira­s, sans oublier les nombreux films qui abordent le même questionne­ment. Pari réussi pour Laurent Le Bon, qui nous invite en outre « à découvrir un lieu magique, symbole d’une politique culturelle ambitieuse française avec une direction et une équipe passionnée­s et stables ». What makes this eighteenth iteration of Panorama special is the dis- play format designed by Christophe Boulanger and the deliberate absence of a title. These two elements are closely linked. Curator Laurent Le Bon wanted to follow this annual exhibition’s generic title and “scenograph­ically produce a literal contempora­ry panorama.” Here this word for a survey show also refers to the circular panoramic picture shows of the nineteenth century reevaluate­d by a recent major exhibition ( J’aime les panoramas) at the MuCEM in Marseille. This approach has implied a huge physical change. The usually square main exhibition space has been transforme­d into a rotunda, totally modifying our perception and creating a different, less aleatory kind of visitor traffic flow than in previous years. In fact there is an installati­on within an installati­on—a small interior structure has been inserted into the larger exhibition space around it. The space produced between these two layers of “skin” made it possible to create smaller rooms and passageway­s, both between the two enclosures and into the rest of the building. The partition walls in the middle of the smaller structure were left empty so that numerous excerpts from student films could be projected on them, as if they were trailers for the movies shown in their entirety in the theater. This is an elegant solution to the problem of how to integrate the films into the overall visitor experience, or at least connect them with the other segment of the exhibition, comprised of installati­ons set up in the rest of the main hall or nestled into specifical­lydesigned modules. Thus the show imparts a feeling of overall coherence despite the diversity of the artworks and media. Mathias Isouard’s excellent sound sculpture Tensions dissonante­s could have provided the missing subtitle for this year’s show. It manages to combine discretion and lightness, despite the presence of a nine square meter aluminum sheet undulating in space, in programmed sequences, in time with sound distortion­s. The result is a happy marriage between the kinetic art tradition and the new technologi­es, an approach that opens broader perspectiv­es. Other notable pieces include Régina Demina’s crashed customized car and Abtin Sarabi’s installati­on, despite their borderline overly spectacula­r technology, and Gwendal Sartre’s perhaps overly subtle engraved hair. Artists in this show were also moved by social issues like the onrush of immigrants into Europe, often linked to their own personal experience­s. This can be seen in the work of Federica Peyrolo from Italy, Chia-Wei Hsu from Taiwan, the Lebanese Rajwa Tohmé and Iván Castiñeira­s from Spain, and the many films on the same subjects. Curator Le Bon’s gamble has paid off. He promises visitors a chance to “discover a magic site, symbolic of Frances ambitious cultural policies, with a passionate and stable team and leadership.”

Translatio­n, L-S Torgoff

 ??  ??
 ??  ?? De haut en bas / from top: Chia Wei-Hsu. « Écritures divines ». 2016. Installati­on. “Divine Scripture” Mathias Isouard. « Tensions dissonante­s ». 2016. Sculpture sonore. “Dissonant Tensions.” Sound sculpture
De haut en bas / from top: Chia Wei-Hsu. « Écritures divines ». 2016. Installati­on. “Divine Scripture” Mathias Isouard. « Tensions dissonante­s ». 2016. Sculpture sonore. “Dissonant Tensions.” Sound sculpture

Newspapers in English

Newspapers from France