David Maljkovic’
Dvir Gallery / 8 septembre - 22 octobre 2016 Comme souvent, le travail de l’artiste croate se présente sous la forme de strates, puisées au sein même de son atelier. Elles enregistrent en quelque sorte la mémoire de ce qui s’y est passé, des oeuvres qui s’y sont développées. Décontextualisées de leur lieu d’origine, recontextualisées ailleurs, ces pièces fonctionnent autant comme les éléments d’un paysage mental que comme celui d’un dispositif spatial. Entre socles, platesformes ou faces supérieures d´une table, ces éléments sont disséminés sur le sol de la galerie, non comme l’ébauche d’un labyrinthe mais plutôt comme une parcelle de celui-ci. Il faut se pencher pour décrypter les signes et autres dessins dont ses surfaces sont recouvertes. Y fait écho ce qui ressemble à des impressions de motifs abstraits au jet d’encre, mais, là aussi, l’impression est fallacieuse. Le support a été traité de façon aussi artisanale qu’industrielle, sans que rien n’en laisse paraître. Ces oeuvres opaques ne se laissent pas appréhender facilement et ne renvoient à rien d’autre qu’à ellesmêmes. On pourrait les considérer comme des palimpsestes dont les motifs se réfèrent de manière allusive et elliptique à l’atelier de l’artiste. L’atelier se trouve donc en quelque sorte transporté dans l’espace de la galerie. Il en modifie ipso facto la perception, ne fût-ce que par l’emplacement de ces socles – plates-formes dont la disposition vient contrecarrer le sens habituel du passage. Démarche tautologique par excellence, le travail de Maljkovic’ n’est pas sans rappeler certains travaux de Mel Bochner ou de Barry Le Va. Il y a pire comme filiation. As is often the case, the work of this Croatian artist takes the form of strata brought in from his studio and standing as a kind of memory of what happened there, of the works that took shape there. Taken out of their original context and put into a new setting, they function now as both elements of a mental landscape and a spatial device. Like bases, platforms or tabletops, they are distributed around the gallery floor, not like the sketch of a labyrinth but more like a fragment of one. We have to bend over to decipher the signs and other drawings covering the surfaces. They are echoed by what looks like inkjet prints of abstract motifs, but here too the impression is deceptive. The support has been worked in both artisanal and industrial fashion, but there are no telltale signs of this. These eminently opaque works are not easy to grasp and refer to nothing but themselves. They could be seen as palimpsests whose motifs refer allusively and elliptically to the artist’s studio, which as a result is, in a sense, transported into the gallery space and, ipso facto, transforms our perception of it, if only because the positioning of those bases or platforms hampers movement there. Eminently tautological, Maljkovic’s work recalls certain pieces by Mel Bochner and Barry Le Va. I could think of worse filiations.
Translation, C. Penwarden Installée depuis avril dernier à Bruxelles dans un élégant loft, tout en conservant son implantation athénienne, la galerie Bernier-Eliades démarre la saison par une ambitieuse exposition de Giovanni Anselmo. L’artiste italien y a déployé une vaste installation dont le titre est au diapason de son ampleur : Où les étoiles se rapprochent d’un empan (1) de plus, tandis que la Terre s’oriente et que l’Outre-mer apparaît du côté de l’Orient. La dimension poétique et cosmique de cet énoncé imprègne le visiteur tout au long de sa déambulation dans une sorte de labyrinthe formé par huit blocs de granit. Ils sont disposés horizontalement, comme une constellation autour d’une forme de sable tamisé étalée au sol. Ce contraste voulu entre matériau dur et souple – un des héritages de l’arte povera dont Anselmo est l’un des protagonistes historiques – détermine l’une des ambiguïtés de cette oeuvre. Ce côté énigmatique est renforcé par une peinture à même le mur, de la dimension d’un tableau, dont la présence accentue l’aspect environ nemental de cette installation. Sa couleur bleue renvoie à la notion d’outremer, d’où cette couleur a été importée. On ne s’étonnera donc pas de la présence d’une petite boussole au sommet du monticule de sable. Elle indique à la fois l’orientation de l’oeuvre et renvoie, par un double raccourci mental et visuel dont Anselmo est coutumier, à cet outremer qui lui permet d’outrepasser fictivement les murs de la salle et d’envisager un univers sans limites, qu’elles soient formelles ou autres. The Athens-based Bernier-Eliades gallery acquired an elegant loft space in Brussels last April. To open the fall season, it is hosting an ambitious exhibition by Italian artist Giovanni Anselmo featuring a big installation whose scale is reflected in its title (and not least in its length): “Where the stars are coming one span closer while the earth finds its bearing and ‘oltremare’ appears towards the East.” The poetry of these words is echoed in the visitor’s experience as they explore a kind of labyrinth formed by eight blocks of granite. These are set out horizontally, like a constellation around a form in sifted sand laid across the floor. This contrast between hard and soft materials—a heritage of Arte Povera, the movement that Anselmo helped found—creates one of the ambiguities of this work. The enigmatic quality is intensified by painting done directly on the wall, the size of a framed picture, whose presence heightens the environmental aspect of this installation. Its blue color evokes the notion of ultramarine, the overseas from which it came. It is therefore no surprise to see a little compass sitting atop the mound of sand. It indicates both the work’s orientation and, by one of Anselmo’s characteristic mental and visual ellipses, evokes that ultramarine movement which takes us fictively beyond the walls of this gallery and into the possibility of a realm without formal or other limits.
Translation, C. Penwarden