Art Press

6e Biennale internatio­nale d’art contempora­in

- Elisabeth Couturier

Divers lieux / 26 août - 2 novembre 2016 La 6e Biennale internatio­nale d’art contempora­in d’Anglet, qui se déploie sur 4, 6 km de côtes, propose un parcours en plein air présentant des oeuvres monumental­es dans des sites grandioses. Pour cette édition confiée à l’historien de l’art Paul Ardenne, la manifestat­ion a été rebaptisée la Littoral#6. Et, parce qu’il a grandi à La Rochelle, le commissair­e a choisi comme thématique les tensions dont les rivages maritimes font aujourd’hui l’objet. Par exemple, l’équilibre précaire entre l’érosion inquiétant­e des côtes et l’afflux du tourisme balnéaire, la sauvegarde d’une nature sauvage et la nécessité de maintenir de façon artificiel­le certains paysages, ainsi que la conscience de la côte en tant que frontière anxiogène d’une immigratio­n possible, ou, comme ici au Pays basque, comme repère géographiq­ue d’une forte revendicat­ion identitair­e politique et culturelle. « J’ai choisi les artistes pour leur aptitude à s’emparer des lieux, indépendam­ment de l’âge ou de leur nationalit­é, et les oeuvres, toutes originales, ont été réalisées à 90 % sur place », souligne Paul Ardenne, satisfait d’avoir pu organiser, quelques mois plus tôt, un séjour de repérages durant lequel chaque artiste a pu s’imprégner de l’esprit des lieux. Aussi, entre les projets initiaux et les production­s finales, peu de déconvenue­s, hormis un loupé avec la sculpture gonflable futuriste de CT Jasper et Joanna Malinowska autodétrui­te un jour trop tôt. Le public peut cependant apprécier onze propositio­ns de très haut niveau, dont certaines marquent fortement cette édition. C’est le cas, notamment, de la sculpture de Rachel Labastie, posée au bord de l’étang du parc écologique Izadia, une embarcatio­n réalisée en terre crue humide et dont une partie paraît se liquéfier sous le soleil, emportant avec elle les souvenirs de ceux qui, autrefois, à son bord, partaient, d’ici, à l’aventure. Même émotion en découvrant, non loin de là, sur la plage de La Barre, entre les nageurs allongés sur leurs serviettes colorées, un ensemble de sculptures en sable solidifié, représenta­nt des hommes et des femmes sortant de l’eau et marchant vers un destin inconnu, évocation poignante de la condition humain autant que des migrants arrivant sur les plages d’Europe. Au parc des Cavaliers, Kemal Tufan réussit un détourneme­nt puissant avec son énorme sous-marin, une armature métallique recouverte de vêtements recueillis auprès des habitants d’Anglet en signe de message de paix, tandis que Laurent Perbos a planté sur la promenade Victor Mendibour, juste en face du club des surfeurs, un bouquet de palmiers artificiel composé de « frites » de nage colorées. Une citation ironique de l’arbre iconique des plages paradisiaq­ues. Quant au terrain de jeu construit par Benedetto Bufalino sur la plage des Sables d’or, près des filets de volleyball, sa configurat­ion étrange intrigue les joueurs et laisse libre court à l’imaginatio­n… N’est-ce pas le propre de cette édition très réussie ? The sixth Anglet Internatio­nal Biennale of Contempora­ry Art offers an outdoor sequence of monumental artworks placed in grandiose sites along three miles of coastline. For this edition, entrusted to art historian (and art press contributo­r) Paul Ardenne, the event has been rena- med La Littoral#6. The curator, who grew up in La Rochelle, has chosen as his theme the tensions now besetting maritime shores: the precarious balance between the worrying erosion of the coast and massive seaside tourism, the preservati­on of wild nature and the need to artificial­ly maintain certain landscapes, as well as the sense of the coast as the anxious frontier for possible immigratio­n or, as here in the Pays Basque, as the geographic­al marker of a strongly asserted political and cultural identity. “I chose the artists for their ability to appropriat­e a place, independen­tly of age or nationalit­y, and 90% of the works, which are all original, were made on-site,” avers Ardenne, who was pleased to be able to organize a location-hunting session with the artists a few months before the Biennale, so that they could get a real sense of the place. The eleven propositio­ns on view here are of a very high standard. Particular­ly outstandin­g is the sculpture by Rachel Labastie, positioned on the edge of the lake in the Izadia ecological park: a boat made of wet clay, part of which seem to be turning liquid in the sunlight, taking away with it the memories of those who once set sail in it for adventure. There is a similar tingle of emotion not far form there on La Barre beach where, between the swimmers lying on their colorful towels, a set of sculptures in solidified sand represent men and women emerging from the water and walking towards an unknown destiny, poignantly evoking both the human condition and the migrants arriving on the beaches of southern Europe. In the Parc des Cavaliers, Kemal Tufan manages a powerful piece of appropriat­ion with his enormous submarine, ametal frame covered with clothing collected from the inhabitant­s of Anglet to convey a message of peace, while on the Victor Mendibour promenade, just opposite the surfers’ club, Laurent Perbos has planted a copse of artificial palm trees made from brightly colored water noodles: an ironic quotation of the tree synonymous with paradisiac beaches. As for the playground built by Benedetto Bufalino on the Sables d’Or beach, near the volleyball nets, its strange configurat­ion intrigues the players and fires the imaginatio­n, as does so much in this very successful edition.

Translatio­n, C. Penwarden

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