RICHARD MOSSE la beauté avant tout
Face aux photographies prises par Richard Mosse dans le contexte de la guerre toujours en cours dans l’Est de la République démocratique du Congo, la première expérience du spectateur est ambivalente, à la fois captivante et déroutante. Avec ses immenses paysages africains et ses portraits de guerriers, Mosse impose une vision singulière qui pousse le spectateur à construire sa propre position éthique dans le contexte actuel du post-documentaire. Installé à New York, le photographe irlandais né en 1980 a commencé par travailler pour des magazines d’informations, témoignant des conflits en Haïti, à Bagdad ou Beyrouth. Il a ensuite pris ses distances à l’égard du photojournalisme traditionnel, mais aussi d’une forme documentaire dite neutre, pour développer des enjeux en interaction avec les expérimentations post-photographiques du tournant numérique, marqué également par un usage accru de la photographie pré-digitale. De fait, Mosse travaille avec des procédés purement analogiques et utilise une chambre photographique grand format en bois spécialement fabriquée pour lui. Ce sont les immenses photographies roses et rouges de la série Infra qui ont fait connaître Richard Mosse en 2011, suivies par The Enclave, série de photographies et film 16 mm présenté dans un dispositif de projection sur six écrans lors de la Biennale de Venise en 2013. Véritable « marque de fabrique » du photographe, les couleurs sont générées par l’utilisation du film infrarouge Kodak Aerochrome inventé dans les années 1940. Utilisée dans un contexte scientifique ou militaire, la pellicule infrarouge provoque une transformation chromatique, qui permet notamment d’identifier un ennemi camouflé dans la forêt. Créée pour révéler la présence humaine, Mosse l’utilise à des fins contem-