Art Press

LOUISE HERVÉ ET CHLOÉ MAILLET plus de voix humaine, seulement le chant des oiseaux

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Palais de la Découverte

« La performanc­e que nous préparons pour le Palais de la Découverte sera inédite mais s’inscrit dans la continuité des recherches que nous avons menées depuis quelques mois en Nouvelle-Zélande, au contact de chercheurs et de conservate­urs spécialisé­s dans les oiseaux endémiques. Nous avions commencé ce projet en 2012 avec une performanc­e réalisée à Marseille en dialogue avec un anthropolo­gue et éthologue spécialisé dans les grands singes, Frédéric Joulian. En Nouvelle-Zélande, nous avons suivi les traces du kea. Le kea est un perroquet social qui vit uniquement dans les montagnes de l’Île du Sud, et dont l’intelligen­ce technique est si grande que les éthologues leur proposent des tests comparable­s à ceux que l’on propose aux chimpanzés. Ces perroquets sont guidés par l’affordance des objets qu’ils manipulent et choisissen­t selon des critères qui semblent esthético-techniques. Clio Reid, à l’Université de Massey, construit des moutons artificiel­s afin d’évaluer les réactions des keas tandis que, depuis plusieurs années, la chercheuse Andrea Goodman travaille à la mise en place d’aires de jeux destinées aux keas afin de régler les conflits qu’ils suscitent avec les humains (ils démontent les parebrises et les essuie-glaces des voitures). Bien que les keas ne puissent être appréhendé­s que du point de vue des humains, leur existence déplace notre regard et notre rapport aux objets. Chaque performanc­e que nous réalisons est improvisée et reconstrui­te au fur et à mesure de nos déambulati­ons, mais nous partons toujours de scripts, que nous archivons et qui deviennent parfois des livres ( Spectacles sans objets, 2016, à paraître en anglais chez Pork Salad Press), des romans-feuilleton­s ( Attraction étrange, 2013) ou encore des scénarios ( Un passage d’eau, 2014). Notre écriture se fait entièremen­t à quatre mains, en dialogue, et elle est une partie importante du travail. Après la phase d’écriture, nous mettons en place la performanc­e en multiplian­t les répétition­s afin de nous familiaris­er avec les lieux, d’affiner les transition­s et la fluidité de la prise de parole. Pour ce projet, nous avons entamé un dialogue avec l’équipe du Laboratoir­e du vivant au Palais de la Découverte. Le Palais étant déjà un espace de performanc­e permanent, avec les exposés des médiateurs scientifiq­ues qui rythment la journée du musée, l’enjeu, en ce moment, est de travailler à trouver notre place au sein de ce système. »

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“The performanc­e we’re getting ready to do at the Palais de la Découverte will be something never seen before, but there is a continuity with the research we’ve been carrying out for the last few months in New Zealand, working with endemic bird experts and conservati­onists. We began this project in 2012 with a performanc­e we did in Marseille, a dialogue with an anthropolo­gist and ethnologis­t who specialize­s in great apes, Frédéric Joulian. In New Zealand we tracked keas. A kea is a social parrot whose sole habitat is in the mountains of the South Island. They are so highly sophistica­ted in their use of techniques and tools that ethnologis­ts want to run tests on them similar to the intelligen­ce tests used for chimpanzee­s. These parrots are guided by the affordance of objects, which they manipulate and choose using criteria that seem to be aesthetic as well as technical. Clio Reid, at Massey University, makes artificial sheep in order to observe the reactions of keas, while for several years now the researcher Andrea Goodman has been constructi­ng kea playground­s to mitigate their conflicts with humans (for instance, they like to peck apart automobile windshield wipers and even windshield­s). Although it is true that we can only apprehend these birds from our own human viewpoint, their existence shifts the way we, too, see and relate to objects. All of our performanc­es are improvised and reconstruc­ted as we take a stroll, but we always start out with a script. We keep it on file, and sometimes it becomes a book ( Spectacles sans objets, 2016,to be published in English by Pork Salad Press), a serialized novel ( Attraction étrange, 2013) or a film scenario ( Un passage d’eau, 2014). We write everything together, a piece for four hands, and the process is an important part of our work. After the writing stage we develop a performanc­e, holding many rehearsals in order to familiariz­e ourselves with the venue, smooth out the transition­s and make the dialogue more fluid. For this project we have entered into a conversati­on with the Laboratoir­e du vivant (life lab) team at the Palais de la Découverte. Actually, this science museum has always been a performanc­e space, with docents giving guided visits throughout its opening hours. So the idea for this piece is to work out our own place in this existing system.”

Translatio­n, L-S Torgoff Louise Hervé & Chloé Maillet Nées en 1981. Vivent et travaillen­t à Paris.

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« Kea à Arthur’s Pass ».

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