SAMSON KAMBALU
Éric Loret
Découvert par le monde de l’art au moment de la dernière Biennale de Venise où Okwui Enwezor avait montré ses vidéos dans le Pavillon international, Samson Kambalu expose actuellement à la Whitechapel Gallery de Londres. L’occasion de faire le point sur son travail depuis une dizaine d’années.
Samson Kambalu est un artiste très accessible. Au sens technique du terme, du moins, puisque le public peut suivre ses oeuvres en ligne sur sa chaîne YouTube, son Facebook, son compte Instagram. On dirait volontiers qu’il est artiste vidéo mais ce serait beaucoup le réduire car il ne s’agit là que de la partie manifeste d’un travail plus vaste et plus mystérieux qui porte l’épithète de « Nyau ». LE NYAU ET LA RUPTURE Originaire du Malawi, pays d’Afrique australe qui possède le plus faible PIB par habitant du monde, Samson Kambalu, 41 ans, travaille à Londres. Le « Nyau », explique-t-il, est selon l’ethnie Chewa à laquelle appartient son père, « une intervention dans le monde symbolique, une forme d’énergie qui apporte la rupture et refuse d’être incorporée. Le Nyau est en quelque sorte le matéria- lisme chewa ». Cette rupture fut très remarquée lors de la dernière biennale de Venise en 2015, où Kambalu présentait trois oeuvres : The Last Judgment, soit des ballons de foot recouverts de pages de la Bible en traduction anglaise, avec lesquels les visiteurs étaient invités à jouer ; une série de films « Nyau » ; et Sanguinetti Break out Area, un ensemble de photo des archives vendues par l’écrivain Gianfranco Sanguinetti à la bibliothèque Beinecke de Yale. Kambalu incitait en outre les visiteurs à prendre en photo ces photos et à les poster sur Internet. Fureur de l’ex-situationniste italien qui attaqua la Biennale en justice pour violation du droit d’auteur, et, en vertu de ses propres théories sur le détournement, perdit son procès.