ÉCHAPPER AU BINARISME l’encyclopédie critique du genre
Une encyclopédie fait le point sur la place du genre, du corps et de la sexualité dans les sciences humaines, historiques et sociales.
Imposée tout au long du développement du système scolaire en France, la règle grammaticale qui voulait que « le masculin l’emporte sur le féminin », à cause de « la supériorité du mâle sur la femelle », selon l’explication du grammairien Nicolas Beauzée en 1767, est aujourd’hui largement remise en question par les linguistes et les penseurs de l’enseignement. Abordant en particulier ces débats, les plus récents et relatifs aux enjeux politiques du genre dans la langue et dans l’éducation, la sociologue et historienne Juliette Rennes réunit autour d’elle près de quatre-vingt spécialistes pour cartographier et identifier l’ensemble des renouvellements opérés en profondeur par les études de genre ces dernières années. Tel est l’enjeu, le projet de l’Encyclopédie critique du genre : où en est l’avancée des recherches et des réflexions sur la place du genre, du corps et de la sexualité dans les sciences humaines, historiques et sociales, depuis le début des années 2000 jusqu’à aujourd’hui ? Le présent volume entend mettre l’accent sur trois axes principaux : le corps, la sexualité et les rapports sociaux. À la fois domaines d’enquête et catégories d’analyse, ces trois thèmes de réflexion sont ici mobilisés pour redessiner les contours des études de genre et comprendre l’articulation complexe entre identités sexuelles, économiques, esthétiques et politiques. Par exemple, l’entrée « A » comme « Affects » traite et analyse les formes de domination du pouvoir social à partir d’une réflexion sur les liens entre la sexualité, l’émotion, le capitalisme et ce que l’article nomme les politiques affectives. Plus loin, l’entrée « V » comme « Voix » étudie les conséquences de la distinction phonétique entre voix de femme et voix d’homme sur le plan de la hauteur (grave/ aigu), du timbre (sombre/clair) et de l’intensité (fort/faible). Entre les deux, il y a des articles de six ou sept pages chacun sur « Internet », « Mondialisation », « Psychanalyse », « Religion », « Sport » ou encore « Travail ». Depuis une dizaine d’années, de 2005 à 2015, les techniques corporelles de mise en scène de soi, dans l’espace urbain, les lieux sociaux ou même le numérique virtuel, façonnent la perception du corps féminin ou masculin. Ainsi, dans les échanges et les réseaux, s’impose progressivement une forme