Art Press

James Kirkwood

- Jean-Philippe Rossignol

Meilleur ami / Meilleur ennemi

Joëlle Losfeld, 448 p., 25 euros C’est l’histoire d’un succès et d’une disparitio­n. On est à New York en 1975. La comédie musicale A Chorus Line triomphe à Broadway et l’un des auteurs du show se nomme James Kirkwood (Los Angeles, 1924New York, 1989). Fils d’acteurs du muet hollywoodi­en, connu pour ses romans dans les années 1960 et 1970, il devient millionnai­re. Sa vie se partage désormais entre plaisirs mondains, alcool, sexualité débridée, drogue et fêtes dans les villas de Key West où l’on croise Tennessee Williams ou Thomas McGuane. Une fois n’est pas coutume, la célébrité a une légère tendance à éloigner la création artistique. Kirkwood n’a plus la trempe d’écrire. Celui qui avait été comparé à J.D. Salinger voit la gloire américaine, cette broyeuse, le condamner à l’oubli. Publié en 1968, Good Times/Bad Times paraît aujourd’hui en français, traduit par Étienne Gomez, sous le titre Meilleur ami/Meilleur ennemi. Voici l’un des livres les plus émouvants sur l’adolescenc­e révoltée et la vie comme une « boîte de couleurs » qui retient les bons et les mauvais moments. Le roman est la confession de Peter Kilburn, 18 ans, en prison pour avoir tué son professeur de théâtre, le puritain Franklyn Hoyt. De matchs de tennis en répétions d’Hamlet à la Guilford Academy, Peter fait la rencontre de Jordan Legier, 20 ans, issu d’une bonne famille de La Nouvelle-Orléans. Une amitié forte naît entre les deux jeunes gens. Hoyt voit cela d’un mauvais oeil ; sa jalousie ne cesse de croître. La suite du livre rivalise d’invention et de comique. Si James Kirkwood a le don de l’euphorie, il a aussi le sens du tragique. N’at-il pas découvert à 12 ans l’amant de sa mère, Reid Russell, assassiné dans le jardin de leur résidence de Manhattan Beach?

 ??  ??

Newspapers in English

Newspapers from France