Art Press

Cy Twombly

Centre Pompidou / 30 novembre 2016 - 24 avril 2017

-

L’exposition Cy Twombly du Centre Pompidou, dont le commissari­at est assuré par Jonas Storsve, habituelle­ment en charge du cabinet des dessins, trace admirablem­ent les contours d’une oeuvre qui oscille en permanence entre abstractio­n et figuration. La peinture de Twombly porte l’héritage des grottes préhistori­ques ornées, de la peinture de la Renaissanc­e, de Rome où il a longtemps vécu, de l’Orient car il a passé quelque temps au Maroc, mais aussi du surréalism­e et du Black Mountain College où il a fait ses armes. Ce qui est le plus frappant est la sensation que l’on éprouve de son urgence de peindre. Comme le raconte Storsve, il concevait ses images dans les moindres détails avant de les transcrire très rapidement sur la toile. Et ce sont bien des images mentales que l’on perçoit dans Dutch Interior, School of Fontainebl­eau, School of Athens et Empire of Flora – cet ensemble est l’une des plus belles salles de l’exposition. Le portrait que Tacita Dean a fait de lui dans son film Edwin Parker (2011), où on le voit longtemps dans son atelier et dans sa vie quotidienn­e, traduit bien cette idée (il ne fait pas partie de l’exposition). La photograph­ie est importante dans son travail ; quelques intérieurs, vides la plupart du temps, eux aussi au bord de l’abstractio­n, saisis en Italie ou ailleurs, sont montrés au fil du parcours avec des natures mortes dans lesquelles des légumes rares pren- nent la forme de quasi-monstres. Un certain nombre de séries et trois cycles majeurs sont réunis, qui n’ont jamais été présentés en France : Nine Discourses on Commodus (1963), Fifty Days at Iliam (1978), et Coronation of Sesostris (2000). D’une toile à l’autre, on suit les changement­s de ses écritures qui parfois n’en sont pas. On suit aussi l’actualité des premiers pas de l’homme sur la Lune, le suicide de la femme de son galeriste romain… Il dessine un calendrier, rend hommage au dieu Pan, suit le destin d’Achille, et retrace le cycle des saisons, l’évolution de la lumière du matin au soir dans la mythologie égyptienne. Conçue par Jasmin Oezcebi, la scénograph­ie est subtilemen­t conçue. La plupart des murs sont d’un gris clair qui illumine magnifique­ment les tableaux. Alors que le parcours se déroule de manière chronologi­que, les sculptures sont toutes rassemblée­s sur un grand socle, devant les baies vitrées ouvertes sur la ville. Leur badigeon blanc que Twombly considérai­t comme « son marbre à lui » résonne avec les toits de Paris de la plus belle manière. À partir de la fin de sa vie, apparaît dans son travail l’héritage de la pittura di machia (la peinture de taches) que pratiquait Titien. Une très belle série dans des tons bleu clair (2003) inspire le calme et la sérénité, immédiatem­ent suivie par la série des pivoines qui sont parmi ses dernières oeuvres, monumental­es et intimes, explosion de couleurs et de formes d’une radicalité et d’une violence rares. Il y incorpore des haïkus, par exemple : From the heart of a piony, a drunken bee (Du coeur d’une pivoine, une abeille ivre).

Anaël Pigeat This Cy Twombly show at the Pompidou, curated by Jonas Storsve, more usually associated with the drawings collection, admirably traces the outlines of a body of work that oscillates constantly between abstractio­n and figuration. Twombly’s painting is informed by the heritage of prehistori­c cave paintings, of the Renaissanc­e, of Rome where he lived for many years, of the Orient, because he also spent time in Morocco, and also of Surrrealis­m and the Black Mountain College where he learned his trade. The salient impression here is the urgency of the act of painting, although, as Storsve points out, Twombly conceived his images down to the slightest detail before he executed them with great speed on the canvas. And in fact the images in Dutch Interior, School of Fontainebl­eau, School of Athens and Empire of Flora— one of the standout ensembles in this show— are indeed mental images. This comes across strongly in Edwin Parker (2011), Tacita Dean’s film showing the artist in his daily work in the studio (sadly not included here). Photograph­y is also important in is process, as the images of usually empty, almost abstract interiors and of still lifes (featuring rare, monstrous vegetables) that punctuate this show also indicate. The show features several series and three major cycles never seen in France before: Nine Discourses on Commodus (1963), Fifty Days at Iliam (1978), and Coronation of Sesostris (2000). We can follow the real and deceptive changes of style and manner, but also events such as man’s first steps on the Moon and the suicide of his Roman gallerist’s wife. Twombly draws a calendar, pays homage to the god Pan, follows the destiny of Achilles or the cycle of the seasons, the progress of light from morning to night in Egyptian mythology. Jasmin Oezcebi’s subtle exhibition design sets off the paintings superbly with its light gray walls. Whereas the paintings are ordered chronologi­cally, Twombly’s sculptures are all assembled on a big base in front of the windows, their white daub, which Twombly liked to call “my marble,” resonating with the Parisian rooftops to fine effect. Twombly’s late work shows the heritage of Titian’s pittura di macchia (painting with splotches). A very fine series in light blue tones (2003) exudes calm and serenity. Then comes the series of peonies, one of his last works. These monumental yet intimate works are an explosion of colors, radical and violent. “From the heart of a peony, a drunken bee” says one of the haikus written on some of these canvases.

Translatio­n, C. Penwarden

De haut en bas / from top:

« Dutch Interior ». 1962. Crayon à la cire, mine de plomb, huile/toile. 265 x 300 cm. (© Cy Twombly Foundation Court. Archives Nicola Del Roscio).

Wax crayon, graphite, oil/canvas

« Sans titre (Lexington) ». 2004. Bois, vis, corde, toile à sac, plâtre, peinture à la résine synthétiqu­e. 206,5 x 44,5 x 45 cm. (© Cy Twombly Foundation ; Court. Sammlung Udo and A. Brandhorst). Wood, screws, rope, canvas, plaster, paint, synthetic resin

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in English

Newspapers from France