Art Press

Adam Jeppesen

- Étienne Hatt

Galerie Bendana-Pinel / 18 mars - 13 mai 2017

Les paysages d’Adam Jeppesen sont des photograph­ies de voyages, dont celui qui le conduisit en 2009-10 de l’Arctique à l’Antarctiqu­e en passant par les Amériques. Mais ses images rendent moins compte des lieux hostiles qu’il traverse que de son expérience solitaire et immersive. En effet, imparfaite­s, involontai­rement altérées par des poussières, du sable et des fuites de lumière, elles portent en elles les conditions précaires de leur production. L’âpreté des lieux et des images qu’en tire Jeppesen est renforcée par la dureté des couleurs contrastée­s ou par la rugosité des tirages noir et blanc à la photocopie­use – que le photograph­e réunit pour recomposer la vue d’origine. Les traces humaines sont rares, presque réduites à des ruines. Pourtant, à distance d’une actualisat­ion néo-romantique du sublime, c’est un sentiment d’apaisement qui se dégage de ces vues de montagnes, de glaciers et de déserts. Y contribue la sensibilit­é du photograph­e aux variations de la lumière. Elles modifient la perception des lieux, voire l’inversent, comme le prouvent deux photograph­ies dont l’une semble le négatif de l’autre. Surtout, réguliers, le réseau des plis qui animent les tirages couleur et la constellat­ion d’épingles qui fixent au fond du cadre les feuilles A4 noir et blanc introduise­nt avec douceur de l’ordre dans le chaos de la nature. Plis et épingles évoquent une carte topographi­que et les repères qu’un voyageur y portera. Ils affirment aussi la physicalit­é de la photograph­ie envisagée avant tout comme un objet. Adam Jeppesen’s landscape photograph­s are the record of journeys like the one that took him from the Arctic to the Antarctic in 2009–10, via the Americas. But what the images show is not so much the extreme conditions of the places he travelled through as the solitary, immersive nature of his experience. Imperfect, damaged by dust, sand and occasional overexposu­re, these images reflect the precarious conditions of their production. The harshness of the environmen­ts and of the images Jeppesen got from them is heightened by the clashes of contrastin­g colors or by the roughness of the black-and-white photocopie­r print-outs that the photograph­er pieces together in order to reconstitu­te the original view. Traces of human presence are rare here, barely more than ruins. And yet, far from any neo-Romantic revisiting of the sublime, what these views of mountains, glaciers and deserts convey is more a sense of peacefulne­ss. This is due in part to the photograph­er’s sensitivit­y to variations in light, which not only change the perception of a given site, but can even turn it on its head (witness that pair of photograph­s, one of which looks like the negative of the other). But the main reason is the regular network of folds across the surfaces of the color prints and the constellat­ion of pins that fix the black-and-white A4 sheets solidly in their frames. These folds and pins bring to mind topographi­c maps and the markers put on it by a traveller. They also assert the physicalit­y of the photograph­s, the idea that they are essentiall­y objects.

Translatio­n, C. Penwarden

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 ??  ?? À gauche/ left: « AR Cera Solo ». 2015. De la série/ From the series « Folded ». Tirage jet d’encre sur papier de riz/ Pigment print on rice paper. 133 x 103 cm À droite/ right: «Catamarca II ». 2016. Photocopie­s et épingles. 111 x 89 cm. Photocopie­s...
À gauche/ left: « AR Cera Solo ». 2015. De la série/ From the series « Folded ». Tirage jet d’encre sur papier de riz/ Pigment print on rice paper. 133 x 103 cm À droite/ right: «Catamarca II ». 2016. Photocopie­s et épingles. 111 x 89 cm. Photocopie­s...

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