Art Press

De Tours à Oslo la réouvertur­e du centre d’art contempora­in Olivier Debré.

From Tours to Oslo. The CCC Reopens.

- Anaël Pigeat

Le Centre de création contempora­ine Olivier Debré vient de rouvrir ses portes dans un nouveau bâtiment de l’agence portugaise des frères Aires Mateus. Posté à l’entrée de Tours, ouvert sur la ville le long du tramway de Roger Tallon et Daniel Buren, le bâtiment en pierre de Tercé a été pensé pour accueillir l’art, dans un esprit antisensat­ionnel de souplesse et de retenue. Le CCC a aussi ajouté à son nom celui d’Olivier Debré, qui a longtemps eu son atelier non loin de là, en l’honneur d’une donation par sa famille de quatre importants tableaux. C’est ce geste qui a orienté la première programmat­ion du CCCOD conçue par Alain Julien-Laferrière, son fondateur et directeur : une exposition sur les voyages en Norvège d’Olivier Debré, une installati­on monumental­e du Norvégien Per Barclay, familier de la maison, et un panorama de la jeune scène d’Oslo, comme chambre de résonance de cet ensemble.

On l’oublie souvent, la Norvège était à la fin du 19e et au début du 20e siècle une destinatio­n à la mode pour les artistes. Edvard Munch, Edvard Grieg et Henrik Ibsen régnaient sur la musique et le théâtre. Monet est venu peindre la neige en 1895. D’autres se sont réfugiés là pour des raisons politiques : Naum Gabo à cause de la guerre en 1915, Kurt Schwitters quand il a fui l’Allemagne en 1932. À partir de sa rencontre avec Anna-Eva Bergman en 1931, Hans Hartung y a fait de longs séjours également.

VOYAGES EN NORVÈGE

Fasciné comme ses prédécesse­urs par le caractère opalescent de la lumière et par les couchers de soleil qui commencent au milieu du jour pendant l’hiver, Olivier Debré a fait plusieurs voyages en Norvège à partir des années 1960. Par l’intermédia­ire de son marchand parisien, Knoedler, il a noué de solides amitiés avec le directeur de la galerie Haaken et le collection­neur Hans Rasmus Astrup qui ont diffusé son oeuvre sur place : de nombreux paysages, que l’on voit dans l’exposition et qui n’avaient jamais été montrés en France, peints au grand air, avec de longs pinceaux, en une seule séance ; on voit même quelques insectes qui se sont pris dans la peinture et la térébenthi­ne qu’il utilisait par litres. Leurs couleurs rappellent parfois ceux du romantique Peder Balke (1804-1887). Accrochés en vis-à-vis d’un immense tableau peint dans le Val de Loire pour l’ancien CCCOD (qui fait partie de la donation), ces tableaux montrent, de part et d’autre d’une immense salle blanche, la nuit colorée et le jour blanc de la Norvège. Ils disent aussi l’importance, pour un artiste, du territoire où il vit et de ceux qu’il traverse. Qu’on les voie de plain-pied ou depuis les galeries hautes qui courent autour de cet espace, ces tableaux traduisent une grande liberté.

ART ET DÉMOCRATIE EN NORVÈGE

Ce n’est qu’en 1905 que la Norvège a pris son indépendan­ce du Danemark qui l’avait envahie quatre cents ans plus tôt. Jusqu’aux années 1970, ce pays était aussi l’un des plus pauvres d’Europe, mais pourvu d’un système démocratiq­ue fort. La scène artistique s’est très tôt organisée en syndicats ; le Kunstnerne­s Hus, première maison des artistes, a ouvert en 1930 dans un magnifique bâtiment de briques construit spécialeme­nt, avec un hall orné de marbre coloré, des verrières propices à l’accrochage des oeuvres, et une superbe fresque dans la cage d’escalier peinte par Per Krohg, qui est aussi l’auteur d’une peinture murale au Conseil de sécurité des Nations unies à New York. L’institutio­n, qui est encore aujourd’hui un lieu incontourn­able, a été conçue selon un modèle proche de la Royal Academy à Londres. Elle est organisée par et pour les artistes, adossée à l’école des beaux-arts voisine qui possédait à l’origine les six ateliers disponible­s sur place – ils sont aujourd’hui attribués indépendam­ment. En plus d’un riche programme, elle présentait et présente encore une exposition annuelle reconnue : pour participer, les artistes envoient simplement leur candidatur­e. Le financemen­t du Kunstnerne­s Hus repose sur des subvention­s publiques qui sont nombreuses en Norvège dans le domaine de l’art. La reine Sonja, dont Warhol a fait le portrait en son temps, lui accorde aussi son attention. Cette action de l’État s’applique aussi à l’art dans l’espace public qui fait l’objet d’un fort soutien du ministère de la Culture, doublé d’un intérêt de la société civile. « Nous sommes responsabl­es pour la société », souligne Bo Krister Wallström, de l’agence d’art public Koro. À titre d’exemple, la Norvège a rendu hommage aux victimes de l’attentat commis par Anders Breivik sur l’île d’Utoya à travers une oeuvre d’Ahmad Ghossein, jeune Libanais ayant fait ses études à Oslo, qui a obtenu de faire conserver le panneau où était affiché le journal quotidien dans le bâtiment gouverneme­ntal où la première bombe a explosé, image poignante de l’instant d’avant le drame.

PER BARCLAY

La découverte du pétrole dans les années 1970 a radicaleme­nt changé la position de la Norvège dans le monde. C’est à peu près l’époque à laquelle Per Barclay a commencé à travailler, étudiant à l’école d’art de Bergen, avant de s’installer en France puis en Italie. Est-ce de là que vient l’inspiratio­n de ses grandes installati­ons in situ, paysages surprenant­s dans lesquels il utilise différents liquides selon le contexte dans lequel il se trouve : du vin dans un chai à Chinon, du lait dans un oratoire à Palerme, un mélange d’huile et de pétrole à Boulogne-Billancour­t, dans un immeuble en cours de transforma­tion et dans le nouveau CCCOD de Tours ? C’est aussi l’époque où il découvre un petit tableau d’Olivier Debré dans une galerie de Bergen, un tableau noir et vert qui pourrait aussi rappeler les teintes du pétrole. Dans la grande nef du CCCOD, Per Barclay a rempli un bassin d’un mélange d’essence et d’huile de vidange ; le rectangle du bassin est un peu décalé par rapport à la géométrie de la pièce, ce qui a pour effet de mettre en mouvement les reflets du bâtiment, mais aussi les clochers de l’église Saint-Julien et de la cathédrale Saint-Gatien que l’on aperçoit alentour. L’oeuvre s’anime en permanence des vibrations de l’air et de celles de la terre. « C’est un grand monochrome », dit Per Barclay. Il utilise le pétrole pour sa qualité réfléchiss­ante qui donne à ses surfaces une grande picturalit­é. En général, ses installati­ons ne durent que quelques jours et sont

conçues pour donner lieu à des photograph­ies. Cette fois, le CCCOD nous fait en quelque sorte entrer dans son atelier : l’oeuvre durera pendant le temps d’une exposition.

LA SCÈNE NORVÉGIENN­E

Dès les années 1970, la scène artistique norvégienn­e a été animée par plusieurs lieux très actifs, comme le centre d’art Henie Onstad, dirigé pendant une vingtaine d’années par Karin Hellandsjø. On assiste aujourd’hui à une floraison de nouveaux musées. Ouvert en 1993, le Astrup-Fearnley Museum of Modern Art, dirigé par Gunnar Kvaran, a déménagé, en 2012, dans un nouveau bâtiment de Renzo Piano sur le port. Un programme d’exposition­s accompagne une collection composée des grands noms de l’art contempora­in, de Jeff Koons à Damien Hirst, avec une présence particuliè­re d’artistes français comme Dado et Germaine Richier. Un nouveau musée national est aussi en chantier, fruit de la fusion de quatre musées d’art contempora­in, d’arts décoratifs, d’architectu­re et d’art ancien – une part de la communauté artistique s’inquiète de l’usage qui sera fait des anciens bâtiments. « Oslo est la plus petite des grandes villes du monde », explique Aurora Aspen, l’une des deux directrice­s de la galerie OSL qui était présente à la foire Paris Internatio­nal en octobre dernier. C’est l’une des galeries contempora­ines qui comptent à Oslo, avec la galerie Standard notamment. Là-bas, le marché n’est pas tout : héritiers de la tradition du Kunstnerne­s Hus, beaucoup de jeunes gens tiennent des artists-run-spaces dynamiques. Il y en a une dizaine en ville actuelleme­nt, comme Rekord ou Podium, qui sont installés dans d’anciens squats, dans des quartiers industriel­s. Ce sont à la fois des lieux d’exposition et de travail individuel et collectif, dont le modèle économique repose sur des subvention­s publiques. À cela s’ajoute l’action de quelques structures originales comme OCA, dirigé par Katya García-Antón, et financé par le ministère des Affaires étrangères. Cette institutio­n a des activités hybrides : elle propose des exposition­s, organise la production du pavillon norvégien de la Biennale de Venise, assume des missions de traduction, offre des résidences pour artistes, et organise des colloques sur des sujets d’actualité comme la présence des communauté­s Sami, ou l’art en Asie du Sud.

INNLAND

Ce programme norvégien du CCCOD s’achève avec l’exposition Innland, panorama de cette jeune scène norvégienn­e, dont le commissari­at est assuré par Elodie Stroecken, qui s’est associée à Thora Dolven Balke. Cette dernière avait d’abord été invitée en tant qu’artiste, mais ses qualités de critique d’art, de commissair­e d’exposition, de traductric­e, et de fondatrice d’un artist-run-space à Oslo, ont fait d’elle la meilleure guide. Depuis le 19e siècle, la scène artistique norvégienn­e présentait un intérêt visible pour le paysage, ce dont Anna-Eva Bergman a témoigné à sa manière au 20e siècle. Il est aujourd’hui difficile de dégager de grandes tendances de cette jeune scène, car les artistes qui la composent appartienn­ent au monde globalisé des vols low cost internatio­naux. Si l’on considère, comme les commissair­es l’ont fait, un rapport à un territoire plutôt que des critères nationalis­tes, peut-être pourraiton néanmoins dégager de ces travaux un lien au réel à la fois efficace et sensible, une certaine retenue, la présence récurrente de récits, et un rapport au temps lié à la lumière locale. Thora Dolven Balke souligne aussi un grand besoin d’humanité, en rejet du néoconcept­ualisme des artistes de la génération précédente comme Matias Faldbakken. Mais cet ensemble témoigne surtout d’une plongée dans une ville, et révèle les expérience­s d’un groupe d’artistes qui vivent et travaillen­t côte à côte. Ils ne sont pas tous norvégiens, sont liés à Oslo parce qu’ils y vivent, qu’ils y ont étudié ou qu’ils y travaillen­t. Le titre Innland traduit l’idée de se retirer à l’intérieur d’un territoire et à l’intérieur des êtres. On entend de temps en temps dans les salles la voix de Tori Wranes qui chante des paroles de trolls et donne à l’exposition sa part de mystère. Inspirée par les lumières norvégienn­es d’Olivier Debré, Solveig Lønseth a voulu à son tour importer en Touraine la lumière du Nord à travers une sculpture à la fois minimale et très incarnée. Une dimension plus politique apparaît parfois, par exemple chez Ahmad Ghossein. Enfin, les images sur silicone de Thora Dolven Balke évoquent la solidarité et le travail en commun, dans ce pays où les artistes sont engagés dans de nombreuses tâches de la société.

From Tours to Oslo The CCC Reopens

The Centre de Création Contempora­ine Olivier Debré has just reopened in a new building designed by the Portuguese architectu­ral practice Aires Mateus. Located at the entrance to Tours, facing the city along the tramway designed by Roger Tallon and Daniel Buren, this edifice made of Tercé stone was conceived as a place to hang out and see art in an understate­d, flexible and no-drama environmen­t. The CCC has also added the suffix Olivier Debré to its name. Debré’s studio was located not far away, and his family donated four major paintings to the center. In homage to him, the new center’s inaugural events, curated by its founder and director Alain JulienLafe­rrière, are an exhibition about Debré’s trips to Norway, a monumental installati­on by the Norwegian artist Per Barclay whose work is familiar to the center’s visitors, and a survey of Oslo’s emerging artists, which resonates well with this ensemble. Ci-dessus / above:

Olivier Debré. « Rouge coulé de Touraine ». Huile sur toile. 400 x 915 cm. (Donation Debré ; Ph. F. Poivret). “Flowed Touraine Red.” Oil on canvas

Page de gauche / page left: Olivier Debré en Norvège (Olivier Debré in Norway) It’s often forgotten that at the previous turn of the century Norway was a fashionabl­e destinatio­n for artists. EdvardMunc­h, Edvard Grieg and Henrik Ibsen reigned over music and theater. Monet came to paint snow in 1895. Others came as political refugees: Naum Gabo, in 1915, to escapeWorl­dWar I, andKurt Schwitters from Germany in 1932. After marrying Anna-Eva Bergman in 1931, Hans Hartung also spent long interludes in Oslo.

VOYAGE TO NORWAY

Fascinated, like his predecesso­rs, by the opalescent light and the sunsets that begin at midday in winter, Debré visited Norway several times, starting in the 1960s. Introduced by his Parisian dealer Knoedler, he became close friends with the gallerist Haaken and the collector Hans Rasmus Astrup, who both popularize­d his work locally, including many landscapes seen in this show that have never been shown in France. Painted outdoors with long brushes, each in a single day, they even retain the bodies of insects trapped in the wet paint and the turpentine he applied copiously. The colors are occasional­ly reminiscen­t of the Romantic Peder Balke (1804-97). Hung from one end to the other of an immense white room, facing an immense painting of the Loire valley made for the CCCOD’s earlier incarnatio­n, which was part of the family donation, these canvases depict Norway’s colored nights and colorless days. They are also testament to the importance, for Debré, of giving an account of a sense of place for the territorie­s where he lived and traveled through. Whether seen from the ground floor or from the upper galleries overlookin­g the exhibition space, these paintings transcribe this artist’s feeling of great freedom.

ART AND DEMOCRACY IN NORWAY

It was not until 1905 that Norway won its independen­ce from Sweden, which had been given control over the country after centuries of Danish rule. Until the 1970s it was among the poorest countries in Europe, but it enjoyed a stable democratic system. From early on artists’ unions played a central role in the art scene. The Kunstnerne­s Hus, the first “house of artists,” opened in 1930 in a purpose-built, magnificen­t brick building whose lobby was decorated with colored marble with skylights designed to illuminate the artworks hanging there, and a superb fresco surroundin­g the stairwell, painted by Per Krohg, also known for his wall painting for the Security Council meeting room at the UN’s New York headquarte­rs. This institutio­n, still a must-see for visitors today, was modeled on the London

Royal Academy. Run by and for artists, it adjoins the Oslo fine arts school that once owned the six available studios that are now attributed independen­tly. In addition to its rich regular exhibition programmin­g it also holds a well-known annual show open to any artist who applies. The Kunsternes Hus is government financed, a common situation in the Norwegian art scene. Queen Sonja, whose portrait was painted by Warhol, attaches a special importance to this subject. The Norwegian government also backs art in public spaces, and the Ministry of Culture’s significan­t funding is matched by support from civil society. “We’re responsibl­e for society,” stresses Bo Krister Wallström of the Koro public art agency. For example, Norway paid homage to the people murdered by the fascist Anders Breivik at the youth camp on Utoya island by commission­ing a piece by Ahmad Ghossein, a young Lebanese artist attending school in Oslo. He arranged the preservati­on of the display board in the government­al building where the day’s paper had been put up when the first bomb went off, a poignant image of the moment before the massacre. The discovery of oil and gas during the 1970s radically changed Norway’s position in the world. That was more or less the period when Per Barclay became active, first studying at the Bergen art school and then moving to France and, later, Italy. Perhaps that finding was what inspired his large sitespecif­ic installati­ons, surprising pieces using various liquids depending on their context: a wine storehouse in Chinon, milk in an oratory in Palermo, and mix of oil and gas in Boulogne-Billancour­t, in a building undergoing renovation, and the new CCCOD in Tours. That was also the period in which he came across a small painting by Olivier Debré in a Bergen gallery whose black and green tones may have also reminded him of petroleum.

THE NORWEGIAN ART SCENE

In the CCCOD’s great hall Barclay filled a basin with a mixture of petroleum and crankcase oil. The rectangula­r basin is a bit out of whack with the geometry of the room, and consequent­ly the moving liquid reflects not only the building but also the bells of the Saint-Julien church and the Saint-Gatien cathedral around it. The piece is in constant motion due to vibrations in the air and ground. “It’s one big monochrome,” Barclay remarks. He likes to use oil because of the visual effect produced by its reflective quality. His installati­ons usually last only a few days and are conceived to be photograph­ed. This time the CCCOD gives us a longer view—the piece will be in place for the duration of an exhibition. During the 1970s several art centers were the main drivers of the country’s art scene. One was the Henie Onstad center, run for two decades by Karin Hellandsjo. Today new museums are burgeoning. Opened in 1993, the Astrup-Fearnley Museum of Modern Art helmed by Gunnar Kvaran moved to a new portside location, a building designed by Renzo Piano, in 2012. Its temporary exhibition­s complement a collection comprising works by some of contempora­ry art’s marquee names, from Jeff Koons to Damien Hirst, with a strong selection of French artists like Dado and Germaine Richier. A new national art museum is under constructi­on, fruit of the fusion of four museums of contempora­ry art, decorative art, architectu­re and older art. Some people in the arts community are worried about what will happen to the museums’ former buildings. “Oslo is the smallest of the world’s big cities,” explains Aurora Aspen, co-director of the OSL gallery, which took part in the Paris Internatio­nal Art Fair (Fiac) last October. Hers is one of the capital’s main contempora­ry galleries, along with the Standard. But the

market is not all-powerful in Norway. Following in the Kunsternes Hus tradition, many young people are involved in the city’s ten or so dynamic artist-run spaces like the Rekord and the Podium, set up in former squats in industrial areas. They are both exhibition venues and sites for individual and collective production whose business model presuppose­s public subsidies. Additional energy comes from unique organizati­ons like OCA, directed by Katia GarcíaAntó­n and financed by the Ministry of Foreign Affairs. This hybrid establishm­ent mounts exhibition­s, organizes the Norwegian Pavilion at the Venice Biennale, carries out translatio­n projects, offers artist residencie­s and holds seminars on current topics such as the Sami (Lapp) communitie­s in northern Scandinavi­a and contempora­ry art in South Asia.

INNLAND

Rounding out the CCCOD’s reinaugura­l offerings is the exhibition Innland (the Norwegian spelling of inland), a survey of the country’s emerging at scene curated by Elodie Stroecken, along with Thora DolvenBalk­e. The latter had initially been invited to participat­e as an artist, but her skills as an art critic, curator, translator and founder of an artist-run space made her overall guidance indispensa­ble. Since the nineteenth century landscapes have been the throughlin­e in Norwegian art, a practice Anna-Eva Bergman perpetuate­d, in her own way, in the twentieth century. But it would be difficult to discern any leading approach for today’s young artists, since their generation has grown up in a globalized world interconne­cted by cheap flights. Instead of applying nationalis­t criteria, the curators have sought to bring out a certain relationsh­ip with the country’s landscape. This optic brings into view a real, effective and tangible link—an understate­dness, the recurring presence of narratives and a relationsh­ip with time related to the local light. Dolven-Balke also emphasizes the strong humanism, a rejection of the neo-conceptual­ism of the previous generation of artists like Matias Faldbakken. But what most marks this ensemble of art is the common experience of Oslo life among artists used to living and working together. These eleven artists are not all native Norwegians, but their common thread is that they live there, whether for work or study. The title Innland translates the idea of withdrawin­g into the interior of a territory or oneself. Punctuatin­g this show from time to time is the voice of Tori Wranes, who sings about trolls and lends the exhibition an air of mystery. Inspired by the Norwegian light as captured by Debré, Solveig Lønseth also wanted to bring the northern lights to central France with a minimalist but highly embodied sculpture. There is a more political dimension to some of this work—Ghossein’s, for example. Finally, Dolven-Balke’s images on silicone evoke the sense of solidarity and working together characteri­stic of this country where artists take part in carrying out many of society’s tasks. Page de gauche /Page left: Linn Pedersen.

« Ivory Tower ». 2016-2017. Chaises en plastique, bois, cyanotypes, photograph­ies argentique­s. Chairs, wood, cyanotypes, analogue print

Ci-dessous / below: Solveig Lonseth. « At certain hours sunlight falls in oblique lines ». 2017. Pin / pinewood. À g./ left: Thora Dolven Balke. « In Good Hands ». 2017. Silicone découpé, barres métallique­s, pinces, photo Polaroïd / silicone cut-outs, metal bars, clips, Polaroïd. À dr./ right: Kamila Langeland. « Charmer n°1, Charmer n°2, Desire ». 2016. Tirage argentique baryté, huile et pastel gras, divers matériaux / Hand printed silver gelatin baryta print, various materials

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Per Barclay. « Chambre vide ». Installati­on.
(Ph. F. Thomasi). “Empty Room”
Per Barclay. « Chambre vide ». Installati­on. (Ph. F. Thomasi). “Empty Room”
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in English

Newspapers from France