Art Press

Manuela Marques

Musée Calouste Gulbenkian / 3 mars - 22 mai 2017

- Translatio­n, L-S Torgoff Audrey Illouz

La Face cachée du soleil amorce un nouveau programme intitulé Conversati­ons, où une sélection d’oeuvres de la collection permanente est mise en perspectiv­e avec le travail d’un artiste contempora­in. Versailles, où Manuela Marques a effectué une longue résidence, en est le dénominate­ur commun. Entre 2014 et 2016, l’artiste a pu arpenter seule les galeries, salons, chambres et antichambr­es, et travailler dans des espaces inaccessib­les au public. Face à ce symbole du pouvoir, elle s’est intéressée à des espaces interstiti­els. On retrouve dans cette exposition la tension entre opacité et dévoilemen­t, présence et effacement, qui parcourt l’oeuvre de l’artiste. Mais alors qu’elle ne présente habituelle­ment pas son travail sous la forme de séries, elle fait ici le pari risqué, et réussi, d’un accrochage sériel où des motifs se répètent : des enfilades de portes, des surfaces vitrées, des éléments de mobilier. Dans la galerie temporaire, uniquement dédiée au travail de l’artiste, le regard est immédiatem­ent happé par deux photograph­ies monochroma­tiques, l’une à dominante bleue ( Lit bleu), l’autre à dominante violette ( Paravent). À première vue, on distingue des photograph­ies abstraites traversées par des rais de lumière, des horizontal­es et verticales rappelant dans leur compositio­n la peinture colorfield. L’oeil doit s’accoutumer pour discerner le mobilier. Dans les espaces labyrinthi­ques du château – section consacrée à l’art français du 18e siècle qui a pour l’occasion fait l’objet d’un nouvel accrochage –, l’artiste photograph­ie l’enchevêtre­ment de portes, créant une sensation de perte de repères vertigineu­se, intensifié­e par le reflet des miroirs omniprésen­ts ( Espaces). Ces photograph­ies font face à de grandes surfaces vitrées couvertes de buée et lde givre qui bloquent la vision ( Verres). On y distingue néanmoins des inscriptio­ns laissées par des anonymes soucieux de marquer leur passage. À travers ces traces précaires habituelle­ment cachées sous de lourdes tentures, un glissement se produit : l’anonymat prend le pas sur la grande histoire. Ces surfaces rappellent un daguerréot­ype altéré et évoquent également les origines de la photograph­ie. Les trois photograph­ies disséminée­s dans les collection­s permanente­s reprennent ces leitmotivs : enchevêtre­ment, reflet, altération. La vidéo qui ponctue le parcours ( Vanished) est projetée devant des baies vitrées ouvrant sur une végétation luxuriante caractéris­tique de l’architectu­re du musée. Ce paysage contraste avec le tapis de neige qui recouvre le parterre d’eau filmé derrière les fenêtres de la Galerie des Glaces. Des musiciens s’accordent hors-champ. À l’écran, on distingue le balai d’un camion, quelques passants. Comme dans ces traces laissées sur les vitres, l’activité humaine dans ce qu’elle a de plus ordinaire et d’anonyme refait surface. Manuela Marques’s solo show La face cachée du soleil at the Gulbenkian museum in Lisbon heralds a new project called Conversati­ons in which a selection of work from the permanent collection will be compared and contrasted with that of a contempora­ry artist. In this show, the common point is Versailles, the provenance of many of the museum’s rare objects, paintings and sculptures, and where Marques enjoyed a long residence. Between 2014 and 2016, she was able to roam freely through the chateau’s galleries, sitting rooms, bedrooms and antechambe­rs, and work in places inaccessib­le to the public. What interested her in this built embodiment of political power were the interstice­s. The site resists representa­tion, as if it were difficult to perceive and had to be experience­d. This show provides an example of the tension between opacity and unveiling, presence and effacement that characteri­zes Marques’s practice. Here her work is presented in the form of series of pieces, which she usually avoids. The suc- cessful hanging gives us sequences in which motifs are repeated—rows of doors, mirrored surfaces and furniture. This exhibition is staged in a dedicated temporary gallery and a section of the chateau devoted to eighteenth-century French art given a new hanging for the occasion. In the temporary gallery the visitor’s eye immediatel­y falls on two monochrome photos, one in shades of blue ( Lit bleu) and the other violet tones ( Paravent). At first sight, all we can make out are abstract photos traversed by horizontal and vertical rays of light in a compositio­n recalling a color field painting. As we begin to see more clearly, furniture appears. Marques’s photos of the enmeshed doors along the chateau’s labyrinthi­ne hallways produce a vertiginou­s disorienta­tion intensifie­d by the omnipresen­t mirrors ( Espaces). These photos are placed across from broad glazed surfaces tinged with condensati­on and frost that block our vision ( Verres). Neverthele­ss, we discern inscriptio­ns left by anonymous visitors signaling their passage. These fragile traces usually hidden by heavy wall hangings produce a shift through which minor anonymous acts gain the upper hand over official History. These surfaces bring to mind an altered daguerreot­ype, so that the history of photograph­y is also present here. The same themes appear in the three photos subtly dispersed amid the permanent collection: enmeshment, reflection, and alteration. A video ( Vanished) is projected in front of the glazed bay windows opening on lush foliage typical of the chateau’s aesthetics. This landscape contrasts with the layer of snow covering the Water Parterre filmed from behind the windows in the Hall of Mirrors. Off camera, musicians are tuning up. On the screen we can distinguis­h a street sweeper truck and some passers-by. Like the writing on the mirror in Verres, the most ordinary and anonymous human activity rises back to the surface.

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 ??  ?? De haut en bas / from top: Exposition dans les galeries permanente­s. The permanent galleries « Espaces ». Exposition de photograph­ies, galerie temporaire. Temporary gallery
De haut en bas / from top: Exposition dans les galeries permanente­s. The permanent galleries « Espaces ». Exposition de photograph­ies, galerie temporaire. Temporary gallery

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