Michel Journiac
Transpalette / 1er avril - 27 mai 2017 L’exposition Rituel de transmutation & Contaminations au présent réunit un ensemble remarquable d’oeuvres (dont beaucoup sont inédites), permettant d’appréhender les différentes facettes de l’oeuvre de Michel Journiac. Le nouveau bâtiment du centre d’art Transpalette, inauguré en octobre 2016, prête son architecture à la lecture plurielle d’une oeuvre qui ne cesse de surprendre par sa complexité et sa pertinence sur les plans plastique, politique et poétique. Les trois étages reliés par un escalier en colimaçon explorent trois dimensions: les rituels, les oeuvres emblématiques des années 1970 et la figure de l’artiste chercheur-enseignant. Au rez-de-chaussée sont rassemblés pour la première fois les douze Rituels de transmutation, du corps souffrant au corps transfiguré. Douze « rituels » qui constituent une réaction incarnée face au scandale du sang contaminé. Entre 1993 et 1995 (date de la mort de l’artiste), il réalise des actions qui viennent donner chair à cette terrible affaire. Michel Journiac explore ainsi plusieurs problématiques liées à l’épidémie du sida : la mort, l’amour, l’argent corrupteur, la disparition, la violence, mais aussi la possibilité d’une rédemption et de la résilience. Révolté, il pose une question : comment des vies ont pu être sacrifiées au profit d’une rentabilité économique ? Le considérant comme un matériau comme les autres, l’artiste en développe le potentiel plastique. Il le met en relation avec la feuille d’or, les cendres ou encore le plomb, des matériaux issus du domaine religieux. Il construit ainsi de nouvelles icônes. Au second étage, les commissaires de l’exposition, Vincent Labaume et Damien Sausset, ont choisi de présenter les oeuvres emblématiques de Journiac : Messe pour un corps (1969), Hommage à Freud (1972) ou encore la Lessive (1969). Des photographies, vidéos, affiches et autres documents d’archives les accompagnent et en éclairent la lecture. Ils réactivent aussi le Référendum Journiac (1970) en invitant les visiteurs, munis d’une carte d’électeur spécialement reproduite, à voter oui ou non, pour ou contre Journiac. Un clin d’oeil ironique à l’actualité politique en France. Le dernier étage du centre d’art est consacré aux archives inédites de l’artiste : des notes, des publications, des films, des cartons d’invitations, ou encore des ouvrages qui étaient présents dans sa bibliothèque personnelle. Les pages de ses livres sont annotées, commentées. On découvre aussi des feuilles de cours et de conférences donnés à l’université Paris I - Centre Saint-Charles entre 1972 et 1995. Les oeuvres et les documents inédits démontrent la part encore secrète de l’oeuvre. En ouvrant davantage le propos plas- tique, critique et théorique, l’exposition suscite un désir de recherche. Elle démontre la singularité, la richesse et l’importance d’une oeuvre qui ne finit pas de nous étonner, de nous saisir et de nous troubler. The exhibition Rituel de transmutation & Contaminations au présent brings together a remarkable set of works (many of which have never been shown before), covering the many different facets of Michel Jour- niac’s work. The architecture of the new Transpalette art center building, inaugurated October last, lends itself to a plural reading of this body of work that continues to surprise us with its complexity and visual, political and poetic relevance. The three floors linked by a spiral staircase explore three dimensions: rituals, emblematic work from the 1970s, and the figure of the artistic-researcher-teacher. On the ground floor the artist’s twelve Rituels de transmutation have been united for the first time. Going from the suffering to the transfigured body, these twelve rituals represent the artist’s very embodied response to the French contaminated blood scandal. Between 1993 and 1995 (the year of Journiac’s death), he performed actions that put flesh on that terrible affair. Journiac’s work explores several questions relating to the AIDS epidemic: death, love, the corrupting effect of money, disappearance, violence, but also the possibility of redemption and resilience. How, he asked, could lives have been sacrificed to economic profitability? Working with gold leaf, ashes and lead, all materials with strong religious connotations, he constructed new icons. On the second floor, the exhibition curators, Vincent Labaume and Damien Sausset, chose to present Journiac’s emblematic works such as Messe pour un corps (1969), Hommage à Freud (1972) and La Lessive (1969). Photographs, videos, posters and other archive documents provide context and understanding, while the Référendum Journiac (1970) is reactivated by getting visitors to vote for or against Journiac using a specially reproduced voter’s card. A sardonic nod to the current political situation. The top floor shows the artist’s archives, which have not been displayed before, and include notes, publications, films, invitations and books from the artist’s own shelves, complete with annotations and commentaries, as well as sheets and notes for the lectures he gave at the Paris I - Centre Saint-Charles university between 1972 in 1995. These new works and documents show the still secret part of Journiac’s art. By extending our visual, critical and theoretical perceptions, it conveys the singularity, richness and importance of this artist’s work, which still has considerable power to surprise, compel and disturb.
Translation, C. Penwarden