Kris Martin
VNH Gallery / 17 mai - 17 juin 2017
Kris Martin a le goût des mythologies sombres. Avec son exposition parisienne, intitulée Prometheus, cet artiste belge né en 1972 n’a pas dérogé à la règle. Prométhée, le voleur de feu, celui qui veut aider l’humanité en s’en prenant aux dieux de l’Olympe et qui sème pour finir la calamité : la sienne, à travers le supplice raffiné que lui inflige Zeus ; celle de l’humanité qu’il désirait délivrer de ses faiblesses, à qui est offerte l’horrible boîte de Pandore et ses maléfices innombrables. The Fall (La chute, 2017) est d’emblée l’oeuvre qui qualifie le mieux le style de Kris Martin, celui de l’allégorie. Un pommier, celui d’Adam et Ève, a été renversé, déraciné. L’allusion est claire : l’humanité, révoltée, a renversé les pouvoirs ecclésiastiques. Sa composante agnostique veut en finir avec le religieux. Et plus encore avec End Points, ses « points finaux », une série de dessins laconiques. Des feuilles laissées presque vierges consignent ici la seule dernière phrase, tracée à la main, de douze grands récits sacrés ayant structuré ou structurant la conscience métaphysique de l’humanité. Ces dessins signent la fin des destinées décidées du dehors par des puissances obscures et impalpables. Sommes-nous libres pour autant ? Mandi XLIV, grande installation cumulant de funestes barrières baissées, de couleur noir mat et clôturant l’espace avec froideur, semble signifier que rien n’est résolu. Kris Martin ou la mort de Dieu qui ne nous sauve pas.
Paul Ardenne The Belgian artist (born 1972) Kris Martin has a taste for somber my- thologies. This Paris show entitled Prometheus is no exception to the rule. Prometheus, the thief of fire who wanted to help humanity by taking on the Olympian gods, ended up in causing disaster, for himself, condemned by Zeus to a sophisticated eternal suffering, and for the human race, which, instead of the deliverance from its weaknesses Prometheus sought, was offered Pandora’s box and the innumerable misfortunes it contained. The Fall (2017) is far and away the work that best represents Martin’s allegorical style. Adam and Eve’s apple tree has been turned upside down so that its roots are in the air. The allusion is clear. Humanity has revolted and overthrown religious authority. Its agnostic side seeks to put an end to religion. End Points, a series of laconic drawings, is even clearer. Almost empty sheets of paper hold the last sentence, hand drawn, of a dozen religious texts that have structured mankind’s metaphysical consciousness. These drawings signal the end of destinies externally predetermined by obscure and impalpable forces. Yet, are we really free? Mandi XLIV, a large installation featuring macabre, flat black colored lowered railroad crossing barriers coldly closing off the space, seems to signify that nothing has been resolved. Kris Martin or the death of God who does not save us.
Translation, L-S Torgoff