Antonio Tabucchi
Dialogues manqués suivi de Marconi, si je me souviens bien Gallimard, 108 p., 17 euros
Si son roman le plus connu est Nocturne indien, où le narrateur parti à la recherche d’un ami disparu finit par se perdre lui-même dans un labyrinthe hors du temps, Antonio Tabucchi – sur lequel l’oeuvre protéiforme de Fernando Pessoa exerça une influence décisive – s’essaya à d’autres genres dont, ici, trois pièces courtes, pour la scène ou la radio, jubilatoires tout autant que dramatiques. Étranges, assurément. La fantaisie se mêle à une touche de mélancolie, de folie douce. Dans la première, Monsieur Pirandello est demandé au téléphone, des phrases résonnent comme des paradoxes : « Comme tout le monde, je n’ai jamais eu d’enfance » ; ou « Les grandes tempêtes sont celles qui se déroulent dans notre tête ». C’est un acteur qui parle et s’interroge sur l’amour – est-ce un vouloir sans savoir ? –, sur la poésie – seuls les poètes regardent, prétend-il –, mais quand il parle de la poésie « qui console du fait de ne rien savoir », l’acteur emploie un ton ironique : la poésie serait-elle notre « Entretemps » ? À la fin de la pièce, l’acteur commence à être partout : serait-ce le prologue à la mort ? Dans le Temps presse, une chambre d’hôpital sert de décor pour accueillir des réflexions sur le temps, notamment sur la blessure des souvenirs. Une pièce qui va vite et droit à l’essentiel. Enfin, la dernière, Marconi, si je me souviens bien, a été écrite en 1995, à l’occasion du centenaire de l’invention de la radio, un instrument de communication démocratique qui put devenir instrument de propagande très efficace à l’occasion. Terre de création, d’émotions, de liberté, la radio inspire à Antonio Tabucchi un texte extrêmement touffu, sans doute pour être au plus près de ce qu’un travail radiophonique exigeant peut, pouvait faire.