Art Press

Hélène Bertin

Centre d’art contempora­in / 30 septembre - 9 décembre 2017

- Translatio­n, C. Penwarden

Les vernissage­s sont souvent des événements au cours desquels il est impossible d’approfondi­r un rapport aux oeuvres. Je crois qu’au contraire celui de Cette femme pourrait dormir dans l’eau était le moment le plus propice. L’exposition a été élaborée par une jeune artiste, Hélène Bertin, qui a présenté le travail d’une artiste d’une autre génération, Valentine Schlegel. Cette étonnante propositio­n est la première d’un cycle de trois ans sur l’altérité mené par Céline Poulin, directrice depuis un an du CAC Brétigny. Valentine Schlegel est née en 1925 à Sète. Avec des vases, cheminées, objets du quotidien, costumes pour les arts vivants, Schlegel a développé un art qui se vit et se partage. Enfant du Sud aimant la nature, les chevaux et la vie sauvage, son oeuvre respire la Méditerran­ée. Du foyer aux murs, les cheminées blanches qu’elle a construite­s en France et en Espagne s’étendent de manière organique dans les pièces des maisons ; de même, les vases aux patines naturelles déroulent des mouvements simples et ondulés. Pour partager cette oeuvre, Hélène Bertin a travaillé sur plusieurs fronts : il y a tout d’abord une publicatio­n élaborée avec Coline Sunier & Charles Mazé (Valentine Schlegel, Je dors, je travaille, éd. <o> future <o> et CAC Brétigny). Un immense travail de mémoire qui rend compte de sa vie et de son oeuvre, accompagné par des textes écrits par Hélène Bertin. L’exposition déploie ensuite un ensemble de vases, maquettes cheminées, quelques objets qu’elle offrait à ses amis. Une cheminée à échelle 1 a pu être présentée, embaumant tout l’espace. Mais ce qui frappe, c’est une étonnante forme s’apparentan­t à un banc de poisson, haut, très haut sur le mur de face. Il est composé d’une collection de couteaux qu’Hélène Bertin a mis en forme à partir d’une plus petite compositio­n de couteaux que Valentine Schlegel possédait. Elle les appelle des « sculptures supports » : une assise en forme de haricot qui enrobe le contour de la cheminée, de délicates tiges en acier qui soutiennen­t les objets, un tisonnier pour attiser le feu. Chaque sculpture support épouse et déploie l’oeuvre de l’artiste. N’est-ce pas en fait ce que les curators ont en tête lorsqu’ils font une exposition ? Au-delà des oeuvres présentées, c’est un accueil des visiteurs qu’Hélène Bertin a conçu : sur une longue table en bois en teinte claire se logent un set de thé, un vase avec des fleurs des champs, et des tabliers pour enfants destinés à des ateliers qu’elle a conçus. Car on découvre dans une vidéo que Valentine Schlegel travaillai­t beaucoup avec eux. Le soir du vernissage, des musiques occitanes accompagna­ient la tielle, une spécialité sétoise. En plus d’un travail précis et savant, c’est une atmosphère, une vie qu’Hélène Bertin a su faire émerger. Une belle promesse pour la suite de son parcours qu’on attend avec impatience.

Flora Katz ——— It is safe to say that an opening night is not usually the best time to get properly acquainted with artworks. In the case of the exhibition This Woman Could Sleep in Water, it may well have been just that.The show is curated by a young artist, Hélène Bertin, and features the work of an artist from an older ge- neration, Valentine Schlegel. This remarkable event is the first in a three-year cycle of shows about otherness, under the guidance of Céline Poulin, who became director at CAC Brétigny a year ago. Valentine Schlegel was born in the French Mediterran­ean port of Sète in 1925. Her work—vases, fireplaces, everyday objects, theater costumes—is an art for living and sharing. A lover of nature, horses and all things wild, her work breathes the sea air. From hearth to walls, the white fireplaces she built in France and Spain spread organicall­y around the rooms of a house, just as her vases with their natural patina suggest a movement that is simple and undulant. To share this art, Bertin advanced on several fronts. There is a publicatio­n devised with Coline Sunier and Charles Mazé (<o> future <o>), an ambitious work of record and recollecti­on following the life and work, with texts written by Bertin. As for the exhibition, it features a range of vases and designs for fireplaces and a few objects that Schlegel gave to her friends. An actual-size fireplace is also included, breathing its fragrance through the whole space. But what is striking is the surprising form, like a shoal of fish, seen up high on the wall. This is the collection of knives, shaped by Bertin, based on a smaller compositio­n of knives owned by Schlegel. She calls them support - sculptures: a bean-shaped base that wraps around the form of the fireplace, with delicate steel rods supporting objects and a poker to stir up the fire. Each sculpture/support follows and sets of a work by Schlegel. Isn’t that what curators have in mind when they put together an exhibition? In addition to the works presented here, Bertin has also conceived a kind of welcome: on a long table in light-colored wood is a tea set, a vase of wild flowers, and aprons for the children who take part in the workshops she organized. A video shows us that Schlegel did a lot of work with children. On the evening of the private view, Provençal music accompanie­d the tielle, a Sétois specialty. In addition to the artist’s precise, learned work, Bertin has also given us an atmosphere. All very promising, and we look forward to what she does next.

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« Cette femme pourrait dormir dans l’eau ». Vues de l'exposition (© Aurélien Mole). Exhibition view
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